Aaaaargh, alors Fritz Lang était un geek ? Il serait né 60 ans plus tard, il aurait fait partie de ces vingtenaires adorateurs de la trilogie Tolkien et encore plus de l'adaptation faite par Jackson ? Mince, le bougre baisse dans mon estime ! Bon, heureusement, après avoir inven té un genre cinématographique, il est passé à autre chose. Et puis son film d'heroïc fantasy me paraît un peu plus nourri et mature que beaucoup d'oeuvres de ce genre qui sortent aujourd'hui.


L'intrigue est sympa. Un peu linéaire, notamment pour les deux premiers chapitres. Mais ça devient vraiment intéressant lorsque ces deux bougres se lient par le sang et que cette histoire d'amour assez sordide prend corps. Il reste des éléments narratifs un peu faibles, notamment dans l'utilisation de Kriemhild (on ne peut pas dire que ce soit une flèche, celle-là) dont la bêtise sert trop bien au mécanisme dramatique. Le héros est quant à lui un peu trop naïf par moment, ça fait con-con (quand il se marre avec un oiseau en sifflant) ; c'est dommage parce qu'au vu du commencement, je m'attendais à un traitement plus sombre : ce type désire le pouvoir et s'en empare de manière assez horrible je trouve, de quoi le trouver méchant et cupide... du coup sa transformation en bon chevalier m'a surpris, et l'absence de noirceur pour le restant du film m'a même un peu frustré. Niveau conflits, on est bien servi, mais les résolutions sont parfois un peu faciles. L'objectif principal est dégagé un peu tardivement, ce qui provoque quelques problèmes de rythme.


La mise en scène est ce qui enchante le plus : c'est tellement beau ! La photographie est magnifique : la lumière est bien captée, les compositions bien travaillées, les décors sont riches, les angles de vue fonctionnent bien, les valeurs de plan donnent un sens de l'épique. Il ne manque que les mouvements de caméra qui, à l'époque, n'étaient pas fréquents (et on le comprend vu la lourdeur de la machine). Le découpage fonctionne, on voit ce qu'il faut voir ; en revanche, le montage freine l'enthousiasme du spectateur par le simple fait que certains plans sont trop longs et donc certaines séquences trop longues. Du coup, ça devient dur de regarder le film malgré la beauté plastique indéniable. Les acteurs ont un jeu un peu exagéré, ça ne choque pas vraiment, ça fonctionne avec le style. Je trouve juste Margarete Schön un peu molle (on va dire que ça colle au personnage qui ne brille pas par son intelligence, mais quand même, ce manque d'entrain nuit à quelques scènes, les déséquilibre). Enfin, la musique est de toute beauté ; je n'ai pas vérifié s'il s'agissait de la musique d'époque ou une autre ajoutée plus tardivement, en tous cas elle colle très bien, et l'on trouve quelques très bons thèmes.


Bref, ce film muet épique se laisse regarder sans problème. Il aurait pu être un peu plus court afin de gagner un peu rythme.

Fatpooper
7
Écrit par

Créée

le 14 nov. 2017

Critique lue 523 fois

6 j'aime

8 commentaires

Fatpooper

Écrit par

Critique lue 523 fois

6
8

D'autres avis sur Les Nibelungen : Partie 1 - La Mort de Siegfried

Du même critique

Les 8 Salopards
Fatpooper
5

Django in White Hell

Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...

le 3 janv. 2016

121 j'aime

35

Strip-Tease
Fatpooper
10

Parfois je ris, mais j'ai envie de pleurer

Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...

le 22 févr. 2014

115 j'aime

45

Taxi Driver
Fatpooper
5

Critique de Taxi Driver par Fatpooper

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...

le 16 janv. 2011

103 j'aime

55