Stop à la publicité mensongere ! Souvenez vous les faits remontent à 1992, la sortie du Dracula de Coppola. Le film nous était alors vendu comme étant la premiere adaptation fidele du roman de Stocker. Il n'en était rien ! Allons même encore plus loin : Coppola n' est qu'un copieur ! Tout le boulot avait déja été fait par Jess Franco avec ses Nuits de Dracula. Face a un tel chef d'oeuvre, Coppola n'était pas de taille et il préféra maladroitement l'imiter. Mais n'est pas Jess Franco qui veut...

Jonathan Harker, un jeune clerc de notaire londonien se rend en transylvanie pour présenter à un de ses clients, le comte Dracula, les plans d'un château acheté par celui ci. Sur le chemin il est le témoin de nombreux évènements étranges tous liés au mystérieux comte. Accueilli par ce dernier, il réalise vite qu'il en est prisonnier. Pire encore, le comte ne semble pas tout à fait humain...Malgré cela, il parvient quand même à s'enfuir. De retour à Londres il retrouve sa fiancée Mina. Mais le comte semble lui aussi avoir fait le voyage et est prêt a étendre son pouvoir maléfique sur toute la capitale Anglaise...

Dès le début, les deux films utilisent la musique pour plonger le spectateur dans l'univers sombre du prince de la nuit. Mais là où le Coppola utilise une musique basiquement symphonique et aux mélodies tristement entraînante, Franco a une approche bien plus novatrice. Sa musique est un mélange de styles, entre le film de la Hammer et le western spaghetti ! Et, très intelligemment, il répète du début a la fin les 2 ou 3 mêmes thèmes développés pour hypnotiser le spectateur( notons un usage soutenu d'un espèce de vieux Klaxon des années 20 dans le thème principal, du meilleur goût !).

Par contre, les scénarios des 2 films diffèrent sur un point capital. Si Jess Franco, très respectueux de l'oeuvre de Stocker, l'adapte mot pour mot ; Coppola lui préfère la personnaliser en y ajoutant une histoire d'amour entre Mina et le comte (totalement absente du livre, a moins que l'on considère que quand une femme dit non, elle pense oui...). Une véritable trahison ! Évidemment on peut considérer que cela donne plus de profondeur a ces personnages mais c'est un argument bien faible. Coppola ferait mieux de suivre l'exemple de réalisateurs plus talentueux que lui comme Franco ou Roger Christian (réalisateur de Battlefield Earth) qui adapte les livres de façon fanatiquement fidèle quel que soit la valeur de l'oeuvre originale. Ca, c'est un choix courageux ! La différence de talent des réalisateurs de ces 2 Dracula est d'ailleurs évidente dans le visuel de chacun des 2 films. Coppola fait dans le gothique flamboyant, s'appuie sur son chef op pour créer des atmosphères oppressantes et utilise des décors d'envergure démesuré qu'il cherche a mettre le plus en valeur. Mouais, c'est une approche très classique et peu originale. Tandis que Franco, véritable génie du langage cinématographique, va préférer l'innovation ! Il choisit des décors restreints et fait valoir la pauvreté de l'âme du vampire par un parallèle audacieux avec les différentes pièces ou se passe l'action toutes dépouillées de meubles et pauvrement éclairé. Pus fort encore, Franco filme en virtuose utilisant a profusion les zooms et autres effets visuels tellement esthétiques. Son Dracula acquiert ainsi une véritable dimension seventies, voire "disco" qui s'accorde idéalement avec l'esprit novateur du livre original. Évidemment, Coppola n'a pas une telle présence d'esprit et opte pour une reconstitution de l'époque du livre et une réalisation sage et appliqué, très "premier de la classe".

Les effets spéciaux obéissent à la même logique. Dans Dracula, ils sont certes impeccables mais dénués de réelle poésie alors que Les nuits de Dracula utilisent des SFX chaleureusements artisanaux. Deux exemples de leurs supériorité narrative : Dans une scène notre ami Jonathan Harcker est entouré d'animaux empaillés, le comte utilise ses pouvoirs et leur redonnent vie. On peut alors voir les animaux bouger (ou pour être plus exact ils sont poussés devant la caméra) avec leurs cris en arrière-fond sonore (sans qu'ils ouvrent leurs gueules bien évidemment). Au spectateur de dire si c'était une illusion ou non. Franco ne prend pas son public pour des imbéciles ! Deuxième exemple : Au tout début jonathan est emmené en diligence au château du comte. Il est poursuivi par une meute de loups. Mais dans un plan on voit très distinctement qu'il s'agit de bergers allemands. Impact visuel garantie ! Illusion ou réalité, Franco vous laisse juge et choisit l'onirisme. Quel talent !

Dernier point de comparaison, le casting. Les deux films alignent une liste d'acteurs prestigieux. Christopher Lee et Klaus Kinski pour le plus vieux et Keanu Reeves, Gary Oldman, Anthony Hopkins et Winona Ryder pour le plus récent. Si la prestation des acteurs de ce dernier est impeccable (à part un Keanu Reeves tres fade), elle n'égale pas celle des anciens. Kinski est un Renfield aussi convaincant que bavard (il ne dit pas un mot dans toute les cinq minutes ou on le voit). Quand a Lee, c'est à lui seul l'attraction du film. Il nous refait ses prestations de la Hammer mais doté pendant la moitié du métrage d'une moustache que n'aurait pas renié Ringo Starr. Son aura en ressort grandit, pour sur ! Transcendés par le génie de Franco, tous les acteurs sont d'ailleurs formidables.

Rien de tel qu'une soirée double programme pour réévaluer à sa juste valeur les qualités de ces Nuits de Dracula et le talent de son auteur.
Palplathune
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le 9 oct. 2010

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