Un Jidai-Geki au montage frénétique qui aurait mérité un meilleur développement

Malgré un ton nihiliste et une ambiance sombre et profondément pessimiste, Les 11 Guerriers du Devoir est un film plus politique qu’il n’y paraît. Le soulèvement face à l’oppression d’un seigneur despote est un thème récurrent du cinéma de sabres japonais, de Kurosawa à Uchida, bien des réalisateurs, et des plus fabuleux s’y sont attelés.


Le réalisateur Eiichi Kudo réalise ce jidai-geki quatre ans après son 13 Assassins, en reprenant à quelques différences près le même thème de la rébellion face à un système oppressant. Il y a dans le déroulement de ce film, une sorte de méthodologie stylistique qui lui donne un aspect quasi documentaire.


Visuellement le film est beau, mais l’image souvent saccadée et le montage frénétique et tranchant comme une lame, avec cette caméra, notamment dans les combats, qui filme au plus près de l’action, lui donne un aspect réaliste.


Malgré ses qualités indéniables, le film se perd parfois dans ses raccords brutaux et ses changements de ton très (trop ?) fréquents. Son trop plein de personnages que l’on peine à identifier, car contrairement au méga-classique Les 7 Samouraïs, ils n’entrent pas dans la scène en se définissant par leur spécificité ou par une quelconque pirouette scénaristique géniale, et que mis à part le personnage principal interprété avec une gravité presque théâtrale par Isao Natsuyagu et un ou deux autres dont un rônin grande gueule et picaresque qui ne dépareillerait pas chez Kurosawa, les autres sont obnubilés et apparaissent et disparaissent sans jamais n’avoir jamais étaient mis en valeur.


Malgré ses défauts qu’on qualifiera de narratifs, le film se caractérise par son montage au katana et son style réaliste. On peut aisément imaginer que le réalisateur hongkongais Tsui Hark s’en inspirera pour The Blade, son chef d’œuvre tortueux et nihiliste.


Le final sous la pluie, où sang et boue se mélangent dans une sorte de désespérance cathartique achève le film avec force et fracas, mais rehausse quand même difficilement le sentiment général d’imperfections et de maladresses qui jalonnent le film.

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le 19 juin 2018

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