Film entièrement chanté, qui en agace certains mais en ravit d’autre telle que moi. Certes, à première vue, cela est tout à fait hors du commun. Mais une fois entré dans la danse, on y court presque.


Ô Jacques -
Je te connais maintenant depuis de nombreuses années et tu m’as accompagné à différentes périodes de ma vie. C’est aux alentours de l’âge de 6 ans que je t’ai trouvé. Ou que tu m’as trouvé, je n’sais guère. Peau d’âne fut une de mes premières rencontres avec toi. Je plongeai dans cet univers féerique et déluré avec tant d’ardeur que j’aurai pu y rester.
Peau d’âne est dès lors devenue Catherine Deneuve et je n’aurai imaginé personne d’autres à sa place. Quand plus tard je relirais le conte de Perrault c’est bien Catherine Deneuve que j’imaginerai en Peau d’âne et Jacques Perrin en prince. Toute ma vie j’en garderai une trace en moi. Le mauvais réflexe d’amalgame entre Prince et Jacques Perrin. Je recherche encore un peu partout mon Jacques Perrin à moi.
Il est évident que si je veux léguer quelque chose à mes enfants, c’est d’abord ces films. Il est certes question d’inceste (comme souvent chez Demy) mais Jacques Demy a une manière de mettre en scène les évènements qui est bien loin d’être macabre. Enfant, on est d’abord enchanté par les chants, la poésie, la féerie et les couleurs qui sont utilisés avec beaucoup d’originalité. En effet, quel enfant ne se rappelle pas de ces chevaux tout bleu ou tout rouges. Sans parler de la fée des Lilas jouée par Delphine Seyring qui est tout bonnement extraordinaire
Nous sommes bouche bée devant ces robes couleurs du temps, puis couleur de lune et couleur du soleil qui ne se ressemblent pas et qui sont époustouflantes. Quel que soit l’âge, je croie que l’on rêve d’avoir pareille robe et on s’imagine en Peau d’âne.
Puis, à peine quelques temps plus tard, sortant à peine de l’euphorie qu’avait provoquée en moi « Peau d’âne », c’est « Les demoiselles de Rochefort » que ma mère me fit découvrir. Quel ne fut pas son erreur. Elle l’entendit tant de fois durant les années qui suivirent qu’elle le connait encore surement par cœur aujourd’hui. Les demoiselles de Rochefort, Rachel et Solange, m’entrainèrent dans une balade attractive et gaie qui berça toute mon enfance, Maxence me fit tomber éternellement amoureuse des marins et c’est ici que je découvris Michel Piccoli, que je retrouverai quelques années plus tard avec plaisir. La petite anecdote avec ce film c’est que je le vis des centaines de fois mais jamais en entier. En effet, on me l’avait enregistré mais l’enregistrement s’achève cinq minutes avant la fin. Je me suis donc imaginé et j’ai mis en scène pendant très longtemps la fin des Demoiselles de Rochefort. C’est de nombreuses années plus tard, un soir de débauche que je découvrirai le film entier chez une amie, à l’âge de 17 ans. Et c’est le premier DVD que je m’achèterai en prenant mon indépendance quelques années plus tard. C’est aussi celui que je fis découvrir à Sélène ma petite voisine âgée de 5 ans qui devint ma sœur, ma Rachel, ma Solange. Ce fut un véritable retour en enfance et c’est avec elle que nous chantâmes dans les rues les chansons des Jumelles, de Solange, de Maxence etc. Etant plus âgé, je découvris alors le coté cruel des histoires d’amour chez Jacques Demy : le terrible scandale de Lola, ces amours perdus, ratés, univoques, et absents.
« Les demoiselles de Rochefort » c’est une douce balade qui emporte dans un univers d’amour et de poésie.
Mais que l’on ne se méprenne guère, tout n’est pas si rose et c’est avec « Les parapluies de Cherbourg » que l’on se rend véritablement compte du coté noir des histoires que nous conte Jacques Demy. Les premières minutes sont un peu difficiles, je l’admets, car il faut réussir à s’immerger dans cette ville de Cherbourg ou tout n’est que chant. Mais après le temps d’aptation passé, personnellement, le film m’a paru tout à fait fluide et je me suis totalement habitué à ces chants omniprésents. Je me suis laissé embarqué dans cet univers, ou j’y ai découvert de magnifiques décors, ce magasin parsemés de parapluies de toutes les couleurs et ces papiers peints kitchs à souhait. Mais tout ceci n’est qu’un bel aspect, car la guerre d’Algérie est ici présente, en effet, c’est elle qui sépare les deux amants et qui entraine leur séparation à jamais. Tourné en 1964, en pleine guerre d’Algérie, il peut sembler étonnant que ce film ait remporté la Palme d’Or à Cannes car il parle de sujets très tabous en cette période.

the-amazing-lili
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le 12 août 2015

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