Sans rage ni larmes

C'est le portrait d'un gentil gamin paumé et mutique, manipulé par son père emprisonné pour des faits graves, et rejeté par les enfants de sa classe et les parents de ceux ci sous prétexte de son affiliation. Un gamin qui ne comprend pas pourquoi on le regarde comme un monstre, ni pourquoi sa mère et son grand frère se murent dans le silence et vouent une haine viscérale au dit paternel, et qui va tout faire pour garder un lien avec lui.

Ça pourrait âtre un film poignant, une "coming of age story" originale, moment trouble où on sort de l'enfance, poussé par des évènements qu'on ne contrôle pas, par des sentiments qu'on ne comprends pas, pour grandir en se prenant la réalité du monde en pleine face.

Mais c'est constamment mou et sans saveur, la faute à un scénario qui ne fait que tout effleurer, de peur, sans doute, de tomber dans le pathos sans savoir le maitriser, et qui du coup ne parvient jamais à émouvoir. Ni la relation avec la mère, ni celle avec le frangin (personnage par ailleurs assez inutile), ni celle avec les autres élèves ou la seule amie qui l’apprécie, ne sert de base à construire une quelconque évolution. Non, quasi toute l'intrigue tourne autour du gamin essayant de trouver un smartphone pour communiquer plus souvent et facilement avec son père, là où on a souvent l'impression que le vrai sujet était plutôt le regard des autres, et comment notre société soit disant évoluée se fait juge et jurés et condamne sans procès.

Bref, ça devrait être révoltant de bêtise humaine, incroyablement touchant (c'est un enfant qui veut juste pardonner à son père par amour et qui ne se rend pas compte que ce dernier est une grosse enflure), et c'est juste ennuyeux.