Avec un tel scénario, on avance déjà en terrain connu. Déjà, aucune adaptation de bédé à gags n’a fonctionné en France. Aucune ! Mais les producteurs continuent, surenchérissant avec un Boule & Bill déjà atterrant par cette nouvelle purge estampillée franchouillard. Sauf que les comédies franchouillardes divertissantes n’existent même plus. Quitte à réaffirmer mon mauvais goût, on ne voit plus des films comme Astérix contre César, où on sacrifiait un peu le rire à des tentatives spectaculaires. Mais ici, le rire est sacrifié sur l’autel du vide, de l’insipidité, de l’absence d’enjeux. En guise de scénario, le film aligne les gags à la chaîne, rivalisant en lourdeur pour chacun des caractères des professeurs en charge de l’établissement Jules Ferry. Rendez vous compte que pendant 50 minutes, ce ne sont que des gags qui jouent sur leur caractère (alors qu’on a compris au bout de 10 minutes). Déjà, le film s’ouvre sur un flash info TF1 (oh, devinez qui a avancé des ronds pour faire le film ? La voilà notre belle chaîne nationale), avant de nous annoncer, comme tentative de justification, qu’on va rassembler les pires profs de l’hexagone. L’occasion pour nous de prendre des nouvelles de Christian Clavier, pour qui le rôle de Cutiro flemmard se révèle être des vacances. Quelques kilos de plus qu’à l’époque d’Astérix, mais il semble être en bonne santé. La prof d’anglais Gladys est la pire prof parce qu’elle lance des craies sur les élèves, Eric le prof d’EPS est le pire prof pour ses méthodes douteuses d’exercice et pour les blagues discriminatoires qu’il fait, Albert le prof de chimie fait tout péter, Maurice le prof de philo est incompréhensible, Amina la prof de français (alors qu’on n’a plus français au bac, mais bon, ce n’est pas une vraie terminale) est beêêêêlle, et Polochon le prof d’histoire connaît simplement l’histoire de Napoléon. Voilà, l’essentiel des gags vous est résumé ici. Dans cet océan de médiocrité, on retiendra sur les performances de 3 personnes. Arnaud Ducret, contraint de jouer la grosse brute sans cervelle qui débite des blagues absolument plate en traitant un gros arabe d’Obélix mangeant du couscous (c’est tellement abrupt que ça n’est même pas drôle, et ce n’est même pas de l’humour politiquement incorrect, c’est de l’agression verbale). On retrouve aussi Stefi Celma, la copine de Norman dans le mémorable Pas très normales activités, qui a été castée ici simplement pour son physique. Sérieusement, c’est peut être la plus à plaindre dans l’ensemble de la production, tant son seul talent recherché semble être un physique agréable (elle n’est pas drôle une seule fois). Et enfin, derrière le rôle du prof d’histoire et aussi au rang de réalisateur, Pierre François Martin Laval. Je ne sais pas si se tourner en ridicule constitue une preuve d’ouverture d’esprit (venant de la part d’un nanardeur comme moi qui a en plus tourné un nanar assez honteux, ça serait plutôt du masochisme avec un poil d’autodérision), mais à ce jeu, il part très loin pour prendre des coups. Se mettant en scène dans une histoire d’amour complètement inepte avec la prof d’allemand, Martin Laval rivalise de stupidité en se lançant dans les gags éculés du premier degré, où il prend au pied de la lettre les conseils des autres profs pour aller draguer la dame. On touche le fond quand il nous refait la pub de Coca Cola en mode gros porc (sincèrement, quand un film s’abaisse à mimer une pub, que peut-on dire ?) et on le ré-atteint pendant l’épisode prince charmant… Et la prof tombe amoureuse… Mais comment peut-on encore nous ressortir des clichés d’une connerie pareille ? C’est vide de toute substance, ça n’est même plus drôle tellement c’est vide de toute signification. Mais on nous en fait reprendre quand même, car le remplissage, c’est aussi l’art de tenir jusqu’à la fin du nouveau format divertissement familial : 1H20 (c’est pas assez court). Au moins, le film a le bon goût d’éviter toute opinion politique hypocrite (le lycée finit par honorer exactement les statistiques qu’on attendait de lui, on ne peut en exiger plus des lycées publics de toute façon), il se prolonge dans la gratuité jusqu’au final, instant de délivrance où l’équipe du film nous dit au revoir avec une chorégraphie chantée. Comme à la fête de fin d’année en fait. Véritable ode à la vacuité, plusieurs millions de français me contrediront, décrétant qu’au final, il y a des pisse-froids incapables de s’amuser devant un divertissement sans prétentions. Car Les Profs n’a effectivement aucune prétention, c’est juste qu’il cherche à faire rire avec des clichés vieux de 50 ans… Enfin bon, le film a marché, quelques gags font mouche, l’adaptation des bandes dessinées risque donc de continuer. Vivement Titeuf avec un véritable acteur ! Vive la France !

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le 22 sept. 2013

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Voracinéphile

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