Devant l'assaut des mauvaises critiques qui visent à l'éreintement de sa réalisatrice, on aimerait trouver des arguments en faveur du film réputé compliqué, glauque, punk et envoûtant selon certains. Hélas, on ne parviendra pas à le sauver du marasme, du naufrage et c'est la déception qui nous anime avant tout. Une histoire certes tordue qui révèle les pires travers des humains (pouvoir, domination, dépravation, quête et perte dans les plaisirs artificiels, liste éprouvante et sans doute non exhaustive) mais racontée de manière à peu près linéaire, loin de la complexité ou même de l'incompréhension annoncées. Tout ceci s'avère au final extrêmement vide et ennuyant, une succession de scènes où les personnages fument, téléphonent ou baisent. On s'étonne juste qu'un capitaine de navire réussisse à vivre dans un appartement aussi luxueux et, de manière plus générale, des faiblesses du scénario. Si on retrouve toujours avec bonheur les comédiens fétiches de Claire Denis (Michel Subor, Alex Descas, Grégoire Colin,...), on est encore plus heureux qu'une fois encore les Tindersticks assurent la bande originale car c'est bien d'abord leur musique qui fait naître à l'intérieur des plans, surtout nocturnes, l'étrangeté et le malaise, bien mieux que la mise en scène guère inspirée qui manque curieusement d'ambivalence et de mystère pour ne susciter in fine que lassitude.