Affreux,sales et gentils.Les Tuche,famille de prolos nordistes,gagnent une fortune au loto et partent s'installer à Monaco,mais ces nouveaux riches bruyants et vulgaires sont regardés de haut par la caste supérieure locale et ont du mal à s'intégrer.En 2011 démarrait donc cette franchise à succès comptant actuellement quatre épisodes.C'est réalisé par Olivier Baroux,soutenu par les gros producteurs que sont Pathé et la Eskwad de Richard Grandpierre.Ce n'est franchement pas bon mais c'est le seul film de la série à peu près regardable,non pour son humour très faible mais pour ce qu'il dit de la société française du 21e Siècle.On fait ici dans le gros gag qui ne pisse pas loin et les vignettes humoristiques éparpillées,si elles font parfois mouche comme par inadvertance,s'avèrent la plupart du temps dispensables.On a par exemple la balade en hélico au-dessus du Rocher qui est accompagnée par la Chevauchée des Walkyries.Pourquoi?A cause évidemment de la musique de Wagner sur la charge héliportée dans "Apocalypse now".Quel rapport?Aucun,à part qu'il y a un hélico,et ce ne sont même pas les premiers à utiliser cette référence de manière aussi stupide,même Francis Perrin a fait ça dans les années 80 lors de son infect "Ca n'arrive qu'à moi".Il y a de temps en temps un truc drôle,comme la baraque à frites dans le jardin et le Photomaton dans le salon,ou la piscine du Country Club transformée par les Tuche en une sorte de camping à beaufs,mais dans l'ensemble on reste de marbre devant les pitreries de ces ch'tis passablement abrutis.Plus intéressante en revanche est l'analyse sociologique du français d'en-bas en Sarkozie occidentale,et là il y en a pour tout le monde.Jeff,le père de famille,est un fainéant de chômeur professionnel évidemment fan de foot.Sa femme Cathy est une grosse dondon débile shootée à la presse people et obsédée par Stéphanie de Monaco.Wilfried,le fils aîné,est un sous-rapeur féru de tuning et homosexuel refoulé.Sa soeur Stéphanie est une bimbo à la cervelle cramée genre télé-réalité.Il y a aussi la grand-mère alcoolique qui parle un sabir incompréhensible.Et puis,exception qui confirme la règle au milieu de cette assemblée d'incultes tarés,le petit dernier Donald,qui lui est un surdoué.Mais il s'arrange pour avoir des résultats désastreux à l'école afin de ne pas être rejeté par les autres.Tout ça pourrait ressembler à du racisme anti-pauvres,ce qui prévaudra dans les films suivants,mais en l'occurrence ça dresse,volontairement ou non,un tableau assez fidèle de la décadence culturelle des classes défavorisées soumises à tous les veaux d'or du post-modernisme débilitant.Ceci dit les riches ne sont pas épargnés dans ce volet initial,les monégasques étant décrits comme une belle bande d'enculés mondains snobs et méprisants,sans oublier les authentiques escrocs qui tentent d'arnaquer les nababs en espérant récolter les miettes du festin capitaliste.Cette représentation nauséeuse d'une bien triste humanité est quelque peu adoucie par le cheminement moral des Tuche qui par leur naturel et leur sympathie vont finir par être admis dans ce condensé de haute société friquée,même si ce n'est guère crédible,et par le fait qu'ils réalisent progressivement que l'argent,s'il peut évidemment aider,n'est nullement la condition exclusive du bonheur.Question distribution,les performances sont très variables.Jean-Paul Rouve en fait tellement en analphabète ahuri qu'il parait clairement être sous l'emprise d'une colossale quantité de stupéfiants,et si ce n'est pas le cas c'est encore plus inquiétant.La mollasse Isabelle Nanty fait ce qu'elle sait faire le mieux,c'est-à-dire de la merde tant elle est à côté de la plaque.Leurs enfants sont mieux lotis avec de bonnes performances de Pierre Lottin en demeuré bling-bling à la sexualité hésitante,la sexy Sarah Stern en idiote de compétition touchante et surtout un Théo Fernandez juste et à l'aise en petit génie contrarié,sept ans avant de devenir Gaston Lagaffe.Quant à la pauvre Claire Nadeau,on a mal pour elle de la voir se ridiculiser de la sorte,et il faut souhaiter que ses émoluments aient compensé sa honteuse prestation.De bons seconds rôles sont de la partie avec Fadila Belkebla en MILF de compète vulnérable,la splendide Karina Testa qui parvient à jouer une ado à trente ans,le sombre David Kammenos en affairiste rusé,Guy Lecluyse en proviseur belge sympa,Philippe Lefebvre en escroc affable,Jérôme Commandeur en gérant coincé du Country Club,Ralph Amoussou en jeune footeux séduit par la fille Tuche,Jean-François Malet en huissier berné,plus une tapée de guests apparaissant brièvement,Baroux en personne ainsi bien sûr que son pote Kad Merad,mais également Omar Sy,Pierre Ménès ou le pilote automobile Jacques Laffite.Le scénariste Philippe Mechelen a prétendu s'être inspiré d'un reportage diffusé dans l'émission "Strip-tease".Pourquoi pas mais en l'état ça ressemble surtout à un plagiat éhonté d'un film américain de 93,"Les allumés de Beverly Hills",dans lequel des péquenots du Middle West,enrichis par la découverte de pétrole sur leur terrain,partaient s'installer à Beverly Hills et y connaissaient une acclimatation difficile.Une impression encore renforcée par l'histoire développée dans "Les Tuche 2",qui voit la family s'installer à Los Angeles.