Il y a un moment, il faut se regarder son enfance dans les yeux et savoir lui dire: toi t'as été con, alors.
Parce que quand j'avais 10 ans, je ne le renie point, les Visiteurs me faisaient rire, mais rire. La cassette du film fait partie de celles qui ne marchent plus aujourd'hui, comme un vieux vinyle, tellement je me repassait en boucle mes passages préférés.
Je l'admet, le fait de revoir le pauvre facteur black se faire réduire sa camionnette en apéricube m'a arraché un sourire nostalgique. De même pour certaines répliques efficaces. "Mortecouille, ils vous ont peint une tronche violacée de pochetronné!". Ca, c'est drôle.
Pour le reste, franchement, c'est assez navrant. Même en faisant abstraction des clichés sur le moyen-âge qui rythment le film.
Et puis tiens nan je vais pas en faire abstraction: les dits visiteurs qui puent, sont bêtes, bornés, violents, édentés; Jacquouille qui est censé être écuyer alors qu'il est dépeint comme un gueux à moitié attardé, le comte qui n'est guère mieux; les deux zigues ne connaissent rien à l'hygiène, aux parfums, ils sont lents d'esprits et n'ont aucune jugeotte, ils bouffent comme des porcs, pètent et rotent à table avec autant d'entrain que les deux débiles de la Soupe aux choux. Mais ils connaissent le latin et la chanson de geste. Ah.
Et je ne parle même pas des erreurs historiques. Des bourdes énormes. La chasse aux sorcières dès le XIeme, et le vieux mage qui est condamné à être emmuré vivant, et le comte de Montimrail qui cherche où est son château "qui le protège des Wisigoths". Wat! A ce stade là de rien-à-foutisme, autant faire un péplum où François Ier et Charlemagne se foutraient sur la gueule, où Socrate taillerait la bavette avec Jules César, ou encore un film de guerre sur les fameuses tractations diplomatiques entre Louis XIV et Winston Churchill contre l'invasion alien from outer space, ça sera à peu près le même registre.
Alors d'entendre par les journalistes, à l'occasion de la sortie du dernier opus des Visiteurs que son réalisateur, Poiré, est un passionné d'histoire, ça me laaaance!
Je disais donc, le reste est navrant. Globalement tous les acteurs surjouent, s'époumonent et gueulent non stop, c'est pas comme ça qu'on créé un effet comique, les gars. C'est juste fatigant.
Et puis très franchement, qui supporte encore aujourd'hui les pitreries à base de caca-prout de Christian Clavier? Qu'est ce qu'on a d'autre, voyons voir. Ah oui, un running-gag sur l'odeur des pieds de Montmirail. Next? Rien du tout. Avec son accent pointu de grande bourgeoise, la pauvre Valérie Lemercier semble masquer sa gène de devoir jouer dans un pétrin pareil.
Le film reste au raz des paquerettes, là où on aurait pu faire à la fois quelque chose de vraiment drôle ET peut-être intéressant voire émouvant sur le décalage culturel. Spontanément comme ça, je pense à Un indien dans la ville (faudrait que je le revois aussi celui-là, si ça se trouve c'est aussi un sinistre nanard).
Bref, mon enfance en a pris un coup. Je vieillis.