Tom McCarthy, qui avait déjà signé les excellents The Station Agent et The Visitor, nous revient à nouveau avec une bobine sous le bras, toujours écrite par lui, et prouve encore une fois qu'il vient s'inscrire parmi les meilleurs réalisateurs actuels. L'histoire touche à une multitude de problèmes, sans non plus se disperser, l'ensemble tournant autour d'un avocat qui s'est ruiné durant toute sa vie en défendant des personnes âgées, mais qui pour une unique fois, détournera l'argent d'une tutelle dont il est censé s'occuper. Son meilleur ami tourne en rond après sa séparation, et ce sera l'arrivée du petit fils du vieil homme arnaqué qui viendra réanimer un petit univers empâté, grâce à son talent unique pour la lutte. Ce croisement parfaitement synchronisé de personnes qui ont toutes besoin d'une épaule émeut, fait rire, et enrage, quand la mère, une droguée, se pointera pour semer la zizanie afin de récupérer l'argent; tout ce qui peut faire d'un film un bon film est en somme réuni.

Bref, Les Winners est une très belle tranche de vie où des liens se bâtissent, puis sont ébranlés, et l'on s'attache à toutes ces personnes, dont forcément cet ado manipulé qui comblera son manque d'affection chez cet avocat et sa famille; et plus particulièrement grâce à sa femme, Jackie, interprétée par Amy Ryan, qui d'abord craintive face à ce jeune loubard apprendra à aller au-delà des apparences, et l'aimer.
McCarthy sait écrire et réaliser un film indépendant, et il y excelle même carrément, réussissant à nous présenter quelque chose de crédible, mélangeant les sentiments, respirant le naturel, et s'éloignant donc des codes du genre, qui souvent imposent des métaphores improbables pour se donner des airs intelligents et dissimuler des scénarios creux.
Le mélodramatique est habillement évité, même s'il sera difficile de nier que la petite larme pointera le bout de son nez vers le fondu au générique, rythmé par le « Think You Can Wait » du groupe The National, composé spécialement pour le film.
Le casting est brillant, Paul Giamatti assure constamment (et on le retrouvera également en septembre dans Le Monde de Barney), de même que Bobby Cannavale en ami survolté, ainsi qu'Amy Ryan, Jeffrey Tambor, et évidemment Alex Shaffer dans le rôle du kid. On appréciera le retour, quoiqu'en demi-teinte, de Burt Young (Paulie dans Rocky), que l'on croyait disparu de la circulation.
Pour conclure, les amateurs de cinéma indépendant qui fait mouche à chacune de ses scènes auront largement de quoi être comblés. On pourra toujours se montrer hermétique à cette histoire de pardon, d'amour, d'abnégation, mais entre-nous, j'imagine mal comment cela se pourrait.
Mention spéciale pour Paul Giamatti, qui continue sur la même lancée, enchainant films indé et films pour bouffer. Espérons qu'il continue dans ce sens.
SlashersHouse
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le 25 août 2011

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