Lettre d'une inconnue.

Max Ophüls nous livre dans ce film une adaptation d'une nouvelle d'un auteur que j'aime beaucoup, Stephan Zweig.

Il y raconte l'histoire d'une femme éperdument amoureuse d'un homme, du moins de l'image qu'elle s'en fait, sans que lui même ne la remarque vraiment.
A sa mort, elle lui adresse une lettre testament qui le bouleversera, lui faisant prendre conscience de la futilité de sa vie et de ce à côté de quoi il est passé par frivolité.

Loin de rentrer dans la longue liste de films composant la "cucuthèque mondiale", il aborde le romantisme comme sait si bien le faire Zweig.
Toute la réalisation et le scénario s'appliquent à faire ressentir la montée en puissance, lente mais inexorable, de l'amour profond de Lisa mais également du sentiment que sa réciprocité n'existe pas malgré quelques moments d' illusions.
La jeunesse de l’héroïne et ses premiers émois amoureux au son du piano de Stefan, prodige à l'avenir prometteur, étincellent dans l'éclat de la lumière rendue sur pellicule. Plus l'histoire avance, plus le temps passe, plus l'amour se renforce chez Lisa, plus les mondanités et les femmes font place à la musique chez Stefan, plus le film est noir à l'écran. Tout se passe la nuit, dans l'ombre des couloirs, des rues, des fiacres.

Des rappels réguliers sont judicieusement fait par le réalisateur, comme lorsque Lisa entre pour la première fois chez Stephan en tant que conquête, filmées sous le même angle que la scène, quelques années plus tôt ou, dans le coin de cet escalier, elle avait vu, désespérée, une autre femme faire ce même chemin.

Les deux acteurs sont au sommet de leur carrière. Joan Fontaine est fantastique, aussi crédible en jeune fille de 16 ans, qu'en mère et femme mariée, membre de la haute bourgeoisie.

Seul point noir pour moi, l'évocation de la mort de l'enfant. Ce point est traité trop légèrement, et la scène ou il contracte la maladie est limite ridicule.