Synopsis :
Les derniers mois tumultueux du mandat du 16e Président des États-Unis. Dans une nation déchirée par la guerre civile et secouée par le vent du changement, Abraham Lincoln met tout en œuvre pour résoudre le conflit, unifier le pays et abolir l'esclavage. Cet homme doté d'une détermination et d'un courage moral exceptionnels va devoir faire des choix qui bouleverseront le destin des générations à venir.

Lincoln est très loin d'être le chef d'œuvre que tout le monde attendait. Tout de même mieux que Abraham Lincoln : Chasseur de Vampires (ou sa dérision Abraham Lincoln, tueur de zombies), le premier étant produit par un Tim Burton je-ne-sais-plus-quoi faire qui peine à revenir malgré son Frankenweenie. Comme Tim Burton, Spielberg fait partit du "Cercle des réalisateurs perdus", cercle très privé des réalisateurs qui font des films...pour faire des films. Pour l'argent ? Non. Pour la reconnaissance ? Qui ne connait pas Steven Spielberg ? Non. Tout simplement car Spielberg s'ennuie chez lui.
Mais de ce fait Steven Spielberg ne fait que de ce ressasser, depuis 5 ans, marqué de la pierre tombale Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal. John Williams, son compositeur attitré, a déteint sur lui. Celui qui a composé les plus grands thèmes comme Superman, Star Wars, Indiana Jones ou encore Les Dents de la mer (je vous met au défi de voir une nageoire de requin dans la mer et de ne pas penser au thème des Dents de la mer) nous ressort dans Lincoln une sorte de plagiat de lui-même, par manque d'inspiration dirons-nous, la musique de Cheval de Guerre et celle de Lincoln sont quasi indifférenciables.
Mais à cet argument nous pouvons trouver une "excuse" car Spielberg fonctionne souvent en diptyque : diptyque de science fiction d'anticipation avec A.I. Intelligence artificielle suivi de Minority Report, diptyque d'histoires légères avec Arrête-moi si tu peux, suivi du Terminal. (qui aurait pû être une trilogie s'il avait réalisé Big Fish comme il devait le faire à l'époque). Ici ce sera Cheval de Guerre suivi de Lincoln, deux films sur la guerre perdant le côté sanguinolent d'Il faut sauver le soldat Ryan, le réalisateur cherchant à attendrir plus qu'à choquer, à l'aide de moult hors-champs (on ne voit pas le président mourir). Le thème de Lincoln restera dans la tête, sans nous émouvoir pour autant, et ne mérite que sa nomination pour l'Oscar de la Meilleure Musique de film.
Steven Spielberg est un réalisateur de la nostalgie, et plus précisément de l'histoire américaine, ce film semblait être fait pour lui. Or, Lincoln se perd dans une bouillie de discours politiques heureusement coupés des petites histoires d'Abraham Lincoln, malheureusement entrecoupé des frasques "rigolotes" pour attirer des gens à voter son 13ème Amendement, l'abolition de l'esclavagisme. Le montage parvient très certainement à sauver un petit bout du film, à ouvrir un oeil de temps en temps pour voir ce qu'il se passe. Un sujet que l'on peut retrouver dans Django Unchained, le nouveau Tarentino, moins critique, certes, mais tellement mieux ! Non pas qu'il faut du sang partout, mais le film est tout simplement d'une lenteur incroyable, ce scénario adapté du livre Team of Rivals: The Political Genius of Abraham Lincoln de Doris Kearns Goodwin est tout simplement mal adapté.
Un biopic, c'est souvent du pain béni pour les acteurs, car ici il faut jouer juste à la fois en tant qu'acteur mais aussi pour respecter la mémoire de celui qu'on incarne. Daniel Day Lewis incarne à la PERFECTION ce 16ème président des États-Unis, et mérite bel et bien son oscar. L'acteur très sélectif et adepte de la "méthode" de l'Actors Studio est totalement méconnaissable, tant par son physique que par son interprétation, un homme simple et amuseur qui ne tombe pas dans le "papy gâteau", un homme respecté à qui l'on obéit au doigt et à l'œil. Les maquillages son plus que réussi, Daniel Day-Lewis EST Abraham Lincoln, c'est pour moi le seul qui mérite réellement son Oscar du Meilleur Acteur.
Sally Field, qui joue la femme d'Abraham Lincoln, sort aussi du lot, apportant un peu "l'humanisme" au personnage. Quand aux autres acteurs, à côté de Daniel Day-Lewis ils sont tous simplement inéxistants, ce qui est assez intéressant car certains autres acteurs sont beaucoup plus connu, comme Tommy Lee Jones, qui était beaucoup plus attendrissant avec son rôle d'agent viellissant, K, dans Men In Black (produit par Steven Spielberg) ou encore Joseph Gordon Levitt. Ce-dernier joue bien son rôle de fils d'Abraham Lincoln, certes, mais ne fait que de la figuration... Ainsi Tommy Lee Jones nominé aux Oscars pour le Meilleur Acteur dans un second rôle peux paraitre ridicule, son interprétation n'apportant rien d'intéressant dans Lincoln, face à un Christoph Waltz en forme dans Django Unchained. Comme quoi, faire plein de films ne veux pas dire être le meilleur.
La photographie et les cadrages peuvent se révéler intéressants sur certains plans, sans sortir d'une certaine sobriété classique pour un biopic, tandis que les décors et les costumes rendent plutôt bien leurs rôles (si ce n'est les perruques, qui font vraiment rajoutées).

Il y a toujours eu deux types de Spidelberg : d'une part le commercial, le Spielberg aux grands effets spéciaux (la saga Indiana Jones, Jurassic Park, Minority Report ou son prochain Robopocalypse), nous offrant ses plus grands chefs d'oeuvres, et de l'autre côté le plus intimistes, le Spielberg aux oscars (La Liste de Shindler, Empire du Soleil, Munich). Lincoln est en quête d'oscars, mais en faisant de la soupe pour les américains Spielberg a tout simplement oublié comment accrocher son film au public. S'il obtient l'Oscar du Méeilleur Réalisateur, ou si le studio obtient l'Oscar du Meilleur Film, se sera uniquement pour l'objet américain qu'est Abraham Lincoln.

Pierrick Boully.
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le 3 févr. 2013

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