Pauvre Cole Sprouse. A le voir tartiné de boue (jusqu'à ne plus savoir ce qu'on regarde), enchaînant les "Mmpff Mmpff" débilitants comme uniques dialogues, et surjouant à mort, on pense que Riverdale et les films (pourtant très bien) qu'il a récemment aligné ne suffisent pas à payer les factures. Le voici donc en pleine rétrogradation, revenant dans les pires mimiques (et bouillies sur la tronche) de sa jeunesse chez Disney, dans un film qui ne sait pas à quel public-cible il s'adresse. "C'est pour les petits.", s'entend-on dire dans l'ouverture cucul la praline, avec une arrivée du fantastique qui n'est pas du tout justifiée (pas "d'accident", d'électricité, de vrai vœu magique... il ressuscite, point barre), et des gags vraiment bas du front (on se croit dans un téléfilm jeunesse bon marché, qui aime l'humour tarte-à-la-crème et les musiques de cirque en arrière-fond sonore). Sauf que. On s'est vite aperçu d'un problème : le sujet du film n'est pas franchement adapté pour les tout-petits, fonçant dans la sexualité féminine, que cela soit avec des vibros, ou un kiki découpé et recollé sur le monstre asexué (ça fera l'affaire), et finissant par
un suicide de l'héroïne
qui est montré comme positif (il faut avoir le recul nécessaire pour comprendre que ce n'est pas une morale classique... "Les enfants, ne refaites pas ça à la maison"). Lisa Frankenstein est donc une œuvre bâtarde, un mélange informe de gags puérils (avec un monstre de chez Disney) et de sujets plutôt calibrés pour les ados en fleurs. On termine péniblement cette comédie sans qu'elle ne nous ait fait esquisser un sourire, sans qu'on ait trop compris l'intérêt de
tuer la mère
dans l'histoire (un meurtre un peu gratuit, une simple punition aurait suffit), sans qu'on se décide sur l'âge du spectateur qu'elle attendait. En revanche, ce qu'on a vite capté en voyant la pantalonnade dans laquelle Cole Sprouse s'embourbe de minute en minute, c'est qu'on se referait bien son joli mélo Five Feet Apart, un bijou d'émotions et de bons jeux d'acteurs, qui aurait dû lui éviter (dans un monde parfait où les agents de casting feraient bien leur taf) de replonger un jour dans une mélasse filmique comme celle-ci.