L'attendu n'arrive point, mais l'inattendu est au rendez-vous



  • Custer et le 7e régiment ont déjà quitté le camp hier.

  • Au moins un millier de Sioux se dirigent vers Little Big Horn.

  • Un millier ? J'ai déjà rappelé trois patrouilles. Elles ont signalé au moins 4000 Sioux.

  • Custer n'a guère plus de 300 hommes. Ce sera un massacre.

  • On ne peut rien y faire.

  • Pas si j'arrive à temps.

  • À temps ? Les ordres sont de rentrer.

  • Je vais les suivre. Mais à ma façon.

  • En passant par Little Big Horn ?

  • Cette patrouille fait partie du 7e régiment. Nous allons le réintégrer avant qu'il n'atteigne la rivière.

  • Il vous faudra faire le voyage en moins de trois jours. Custer est a 400 km de notre position.

  • 400 ou 4000 km, peu m'importe, s'il faut aider le 7e régiment.

  • Le chemin sera truffé de Sioux. Et sur ce genre de terrain... Une telle mission serait suicidaire.

  • Pas pour vos hommes. Ils rentrent au fort. Mais vous, vous restez.

  • Alors, c'est donc ça ?



Little Big Horn est le premier film du scénariste Charles Marquis Warren qui réalise un western psychologique noir surprenant mettant en avant une petite unité de cavalerie américaine ayant pour objectif d'avertir le général Custer du danger mortel qui l'attend en allant à Little Big Horn. Bien que techniquement le faible budget se fasse ressentir, ce film reste un bon western ayant un impact considérable dans l'imagerie, avec des plans de nuit atmosphériquement efficaces, se rapprochant de par son ambiance d'un huis clos. Charles Marquis Warren confère un regard noir contrasté à travers ses visuels en noir et blanc. Que ce soit dans la texture ou la thématique, Little Big Horn est un film très sombre, qui n'épargne rien sur son passage. La musique de Paul Dunlap amène un petit plus, bien qu'un peu trop discrète.


Le scénario est extrêmement intelligent, s'inspirant une fois encore du cas "Général Custer" sans pour autant le faire apparaître dedans. Certes, tous ceux connaissant l'histoire tristement célèbre de Custer tué à Little Big Horn, savent que cette unité n'atteindra jamais leur objectif. Néanmoins, le traitement de cette nouvelle proposition de l'histoire, avec un excellent développement des personnages, rend l'expédition de ces soldats saisissante. À mesure que le périple avance, le scénario présente magnifiquement les objectifs, les aspirations, les croyances, de chacun des membres de l'unité, rendant chaque protagoniste attachant, à travers une dynamique de groupe touchante. On se lie d'affection pour eux. Le désespoir étant le motif les unissant les uns aux autres. Dès la scène d'ouverture le cinéaste nous projette à la figure un triangle amoureux acerbe, sous forme de tromperie autour de Celie Donlin (Marie Windsor), rendant la tension entre les deux personnages principaux particulièrement intense.


Le rôle de Phillip Donlin est incarné avec conviction par Lloyd Bridges, qui en capitaine de l'unité est intraitable devant les règles. Homme discipliné, au courage sans failles, voulant coûte que coûte, au prix de n'importe quel sacrifice rejoindre le général Custer pour le prévenir. Seulement, la dualité qui le confronte au lieutenant Haywodd, qui a couché avec sa femme, pose une interrogation étonnante sur ses réelles motivations, puisqu'il enrôle de force celui-ci dans sa mission suicide. Le lieutenant John Haywood, personnage ambigu, est incarné avec efficacité par John Irlande, qui contraste tout du long, car étant le voleur de femme. Les frictions entre les deux hommes sont palpables et tendues, pourtant si le capitaine Donlin est au départ la victime, tout du long de l'intrigue il s'avèrera être le bourreau, là où Haywood, se rachètera une conduite auprès de sa troupe en prouvant l'homme vaillant qu'il est. Une approche subtile et nuancée très intéressante à suivre.


L'action, bien qu'en quantité non négligeable manque de grandeur. L'étonnante brutalité à l'image rehausse le tout, étant traitée sans filtre avec des plans belliqueux et agressifs surprenants, en faisant un des westerns les plus violents du début des années cinquante. Un certain nombre de scènes féroces marquent les esprits, comme le soldat grièvement torturé qui est utilisé en tant qu'épouvantail pour piéger d'autres soldats; l'éradication d'un convoi par les Sioux dans lequel on retrouve une jeune femme morte avec le sang coulant de sa bouche; les différentes morts visuellement fortes avec des flèches, couteaux, feu... laissant à chaque fois un sentiment de persuasion dans l'image. Je reproche néanmoins son final, où la caméra préfère se détourner du sacrifice ultime amenant un sentiment d'inachevé. Toutefois, l'émotion est au rendez-vous. Des séquences intelligentes et dramatiques se démarquent également du lot, avec la découverte du plan d'eau et le test de celui-ci, ou encore le tirage au sort par le jeu de cartes...


CONCLUSION :


Little Big Horn est un western signé Charles Marquis Warren que j'ai trainé à regarder, pensant voir un film peu stimulant. Une grossière erreur de ma part que j'ai voulu rattraper avec cette critique. Hormis un problème du budget se faisant ressentir dans certaines actions, ce long-métrage reste un western noir sans concessions, tirant toute sa force dans l'interaction entre les personnages, ainsi que dans l'intensité du récit véhiculant les notions de la rancoeur, du devoir, du courage, et du sacrifice avec rigueur.


Une nouvelle vision étonnante entourant l'histoire de George Armstrong Custer tué lors de la bataille de Little Big Horn.

B_Jérémy
8
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Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste « WESTERN ! » : classement du meilleur au pire des films du genre

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le 22 nov. 2020

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