Mieux que le premier film, moins bien que la série ultime à venir !!!

Après le succès du premier court-métrage, nous avons droit à un second court-métrage plus long. Or, cette fois, le scénario est bien posé et on peut prendre le temps de développer une histoire sur des bases remarquablement efficaces. A la limite, après le seul premier film, on pourrait déplorer que ce second film ne précise pas plus le parcours des personnages et les raisons pour lesquelles Akko détient un tel sceptre particulier, mais si on regarde comme ce fut mon cas ce film après la série en 25 épisodes le problème n'a plus lieu d'être. Le scénario peut paraître simple et convenu, il a du sens, beaucoup plus que celui du premier film. Nous retrouvons notre trio de sorcières : Akko, Lotte et Sucy, avec Akko et Sucy plus cancres que jamais, et Lotte un peu souffre-douleur au milieu de tout ça. Soulignons au passage que ce film développe une psychologie frondeuse d'Akko qui n'est pas en phase avec la série qui va suivre, ici elle est frondeuse avec une insolence je m'enfoutiste qui tourne au mépris pour la hiérarchie des sorcières traditionnelles qu'elle trouve moisies, elle a un discours plus déplacé que dans les autres créations Little Witch Academia.
En tout cas, punies, les trois élèves doivent préparer leur manifestation lors d'une fête officielle de la ville, mais il s'agit d'une fête pour commémorer la conjuration des méchants effets de la magie des sorcières auprès des citoyens. Les trois punies sont en effet sacrifiées à une fête où elles vont être humiliées, notamment par les enfants chenapans. On a donc une opposition forte entre une idée de magie traditionnelle et l'idée de spectacle qui rend heureux que caresse Akko. Cette opposition va être amplifiée par l'hostilité des sorcières qui se prétendent sérieuses et qui rejettent le modèle de cirque de Shiny Chariot, amplification paradoxale (puisque la fête prévue est plus déshonorante que le cirque de Shiny Chariot) mais qui se tient logiquement et naturellement du point de vue du scénario. On a bien des sorcières sérieuses qui consentent à un spectacle où elles sont traitées comme des monstres, tout en conservant leurs dignités dans leurs ministères, elles acceptent d'être mal-aimées de la foule et se rêvent de l'importance. Akko fonctionne à rebours : elle préfère que la magie amuse les gens, elle pense que l'important est de rendre heureux et elle n'est pas dans l'indifférence ou la résignation face au regard extérieur. Or, autre amplification importante du thème en jeu, Akko a des défauts et notamment elle ne tient pas compte de l'opinion des autres, ce qui va créer un conflit tout particulièrement avec Lotte, conflit inattendu tant Lotte est la brave fille par excellence. Le traitement continue d'être subtil dans la mesure où Akko ne va pas faire tout un travail pour se faire pardonner, mais elle prend acte du conflit et prépare avec acharnement le cortège dans son coin, elle a bien sûr prévu de renverser les codes : ce cortège ne fera pas faire profil bas aux sorcières, mais elles auront le profil haut, elles amuseront la foule. Et elle espère simplement que Lotte et Sucy viendront la rejoindre. Et la magie du truc, c'est que Lotte est touchée, non pas par ce qui serait du scénario facile une scène de repentance, mais simplement parce qu'elle regarde Akko travailler à son projet avec détermination... Franchement, c'est superbe, et le début de la dispute entre Akko, Lotte et même Sucy est admirablement traitée, avec beaucoup de profondeur, de petites idées malicieuses, etc.
Ce second film est un peu le support de plusieurs épisodes de la série, au moins deux : l'un génial qui est la cérémonie des sacrifices, l'autre moins réussi où on voit Akko tout faire pour aider Costanze, mais avec des maladresses d'écriture du scénario cette fois.
Autre intérêt du film The Enchanted Parade, c'est précisément l'introduction de nouveaux personnages, il y a le profil caricatural du maire qui n'apparaît que dans ce film et surtout trois nouvelles sorcières : Costanze qui mélange la magie et la technologie, ce qui aura d'importants développements (satiriques, mais pas que) dans la série, Amanda la fille voyou qui danse trop bien, Jasmineka la gloutonne qui n'a pas un rôle remarquable, mais sa platitude constante est bien utilisée pour en faire une vignette-fantoche comique, agaçante mais en place, avec quand même un gag au comique de répétition super réussi quoique simple quand la prof essaie de lui confisquer ses chips dans la classe en la qualifiant de voleuse. La parade est bien sûr l'occasion d'un spectacle à la Shiny Chariot, mais il est interrompu par l'apparition d'un monstre, qui à cause du maire n'est plus scellé. Pour ne pas faire paniquer la foule, la professeure arrive à créer une fausse ambiance de suspense dans un spectacle à frissons (on notera juste que sa voix au micro n'est peut-être pas pleinement efficace pour quelqu'un qui connaît l'art d'animer les foules, mais il faut dire qu'elle doit rester un peu gourde dans cette position-là de madame Ursula). Le combat avec le monstre a une efficacité, il y a des rebondissements, il y a un coup d'éclat avec l'intervention vocale de Lotte qui lui donne d'ailleurs un rôle important, on a aussi un compromis qui marche entre le dramatique et la comédie avec l'animation d'objets comme des jouets et on a donc la grande mise en place du "genkidama" à la Shiny Chariot, ressource qui ne sera pas perdue non plus pour la série. Le combat avec les enfants est une vraie réussite touchante également avant la soirée du cortège, pendant le cortège et encore après la victoire contre le monstre. Tout le jeu final avec les tomates est extrêmement bien vu, puisque le propos d'Akko c'est de montrer que la magie amusante n'est pas déshonorante et que l'essentiel c'est de rendre heureux les gens avec la magie. On voit tout le pied-de-nez à l'idée d'une école de sorcellerie qui se prend au sérieux... On le voit, le sujet du film n'est pas compliqué, mais il est bien traité, il est bien conduit dans ses détails, on vit l'histoire, elle n'est pas schématique, elle nous touche. Et la série, ce sera encore un niveau au-dessus !