Mon rêve est d'un jour voir une aurore boréale en vrai. J'espère qu'un jour j'aurai l'occasion. En attendant il me faudrait trouver un job, gagner un peu d'argent, économiser... On ne sait jamais ce que la vie peut réserver. Mais j'espère vraiment qu'avant de mourir à 62 ans, je verrai une aurore boréale briller de mille feux.

"Local Hero" a tout pour me plaire. La narration épurée, lente, laissant place à des personnages, drôle et triste a eu raison de moi. En effet, il ne se passe pas grand chose dans ce film. En règle général un film fonctionne mieux quand les conflits prennent plus de place en fin d'intrigues, mais bien sûr il en faut dès le début. Et c'est ce qu'il se passe ici : assez bizarrement, tout semble se dérouler pour le nmieux si ce n'est que le héros souhaiterait franchement que ça aille plus vite. Puis au fil du film, alors que le personnage principal commence à s'attacher au lieu, aux gens, les conflits se révèlent plus nombreux que prévu, de quoi tenir en haleine le spectateur.

Mais le plus important, ce sont les personnages. Des personnages qui ont leur petite vie pépère, amis qui ne savent plus trop bien où ils vont. Des gens qui veulent que ça change. D'un côté cet employé qui semble s'émerveiller de la vie pour la première fois, au point de ne plus désirer rentrer, d'un autre, ces villageois qui espèrent enfin vivre confortablement, quitte à dire adieu à tout leur héritage culturel et au milieu un milliardaire qui rêve d'une vie qu'il pourrait avoir mais qui n'ose pas se lancer. C'est assez touchant sans pour autant jamais tomber dans le happy feeling facile : chacun reste méfiant vis-vis de l'autre. Et le final est assez déconcertant car n'est pas vraiment un happy ending pour tout le monde.

Et en même temps c'est drôle (doux amer comme on dit) ; c'est drôle parce que les situations sont absurdes et les personnages typés. Ce qui est bien, j'insiste dessus, c'est que le réalisateur n'insiste jamais dessus, c'est un gag discret qu'on pourrait manquer si l'on n'est pas attentif à ce moment là. pas de musique pour renforcer le côté comique de la situation ni un gros plan évident. Juste les choses qui se passent sous nos yeux, avec distance. Le gag discret, c'est mon préféré. Surtout lorsque c'est très bien exploité (prenons par exemple le gags du motard qui sert de running gag).

Les personnages sont très bien construits tout en restant simples. Leur évolution est convainquante. Personne n'est oublié (même s'il est vrai que mettre le nom de Burt Lancaster en premier au générique me semble injuste par rapport aux autres acteurs plus présents). Il y a aussi l'histoire d'amour, mais là aussi ce n'est pas appuyé, et puis ce n'est pas avec le héros, donc c'est encore mieux, on évite ainsi les scènes habituels ainsi que la prévisibilité de la fin.

La mise en scène m'a donc pleinement convaincu grâce à ce découpage sobre au rythme lent et contemplatif. Les plans s'enchaînenet tranquillement, Forsyth se contente de filmer l'action, mais n'oublie pas pour autant de composer des images marquantes. Même si les effets spéciaux sont souvent ratés, l'ambiance et le jeu de lumière fonctionnent. De plus, la musique de Mark Knopfler est juste grandiose : du synté qui permet d'installer une ambiance surréaliste magnifique.

Bref, voilà un bien gros coup de coeur tant dans le scénario, le traitement du fond et l'éxécution formelle.
Fatpooper
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le 13 juin 2014

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