Le futur dans le passé : le Court se la joue Marty Mc Fly.
Critique écrite le 1 février 2012 dans le cadre du festival international du Court-Métrage à Clermont-Ferrand :
"Aujourd'hui, je ne vais pas faire de critique. J'aurais pu vous parler de la série I13 que j'ai failli ne pas voir, le public ayant pris note au Capitole comme moi. Cette séance, surclassée par l'ingénieux "Blinky TM" et par l'énigmatique "Nuru", était pour tout dire assez terne. Donc, non, pas de critique, mais plutôt l'expression de mon admiration, pour laisser une trace écrite de mon ébahissement face à la collection C1, diffusée à la salle Lumière, la fameuse et tant attendue "Logorama & Co."
La patience est une vertu, et il faut savoir s'en armer, surtout pendant le festival. D'abord, trente minutes d'attente pour pénétrer dans la salle ; une fois assis, les problèmes techniques s'y mettent. O.K, 20 minutes de retard, mais le jeu en vaut la chandelle. En ouverture, on retrouve "L'homme à la Gordini". Ce court français est une merveille de scénario, qui montre que le plus simple est le meilleur. Les images sont travaillées, on mêle l'humour à l'étonnement, nous sommes emportés tout simplement. Deuxième court, "Pixels". Cette micro-fiction-animation nous transporte dans l'univers des anciens jeux vidéos. Tetris, PacMan, Pong, tout se mélange, ça va vite, on a le souffle coupé, sans pour autant que cela ne soit brouillon. Je suis excité à l'idée de voir la suite. En troisième, "Fard". Cette société futuriste en noir et blanc, qui est bouleversée par l'arrivée d'une lampe, est crédible à souhait. La doublette Briceno-Alapont a fait dans le créatif, avec une écriture innovante, dans laquelle le réel s'intègre à l'animation, un véritable "patchwork" de l'image.
Passons le quatrième, peut-être le moins bon des six, pour arriver au déjà-vu "Rubika". En course pour la sélection nationale l'année dernière, il présente une planète cubique qui pivote comme un Rubik's cube, ce qui en fait un court unique. Le spectateur est soulevé par cette gravité hors du commun. Il fallait y penser. Il fallait y penser, tout comme il fallait penser au dernier court de cette série, celui que tout le monde était venu voir (ou revoir), celui qui nous dévoile notre société de consommation sous un autre jour, celui qui a remporté l'Oscar du meilleur court-métrage d'animation en 2010, le fameux "Logorama". Plus d'un quart d'heure à vivre dans ce monde farfelu où la publicité n'est finalement nulle part puisqu'elle est omniprésente, à suivre les gentils Bibendums à la poursuite du méchant Ronald Mc Donald, qui prend en otage le petit Haribo, qui se fait gronder par Géant Vert, lui-même surveillant un groupe de petits Bic.... Bref, un monde pas forcément utopique mais très imaginatif et suggestif, qui donne envie d'avoir une conversation mondaine avec le petit moustachu des chips, ou bien de visiter la planète Pepsi, le temps d'un rêve.
Vous l'aurez compris, j'ai été comme un gosse pendant une heure, à m'amuser et m'évader dans des mondes inexistants, que seul le cinéma peut nous offrir.En sortant, les pieds dans la neige, la tête dans les étoiles, je me suis dit : "Et si nous étions éternellement des enfants?"