La littérature est une vraie mine d'or pour l'industrie du cinéma, et Loin de la foule déchaînée, en juin au cinéma, le prouve. Le charme à l'anglaise, romancé par un très bon casting, se retrouve dans le prochain film de Thomas Vinterberg..


Thomas Hardy est peu connu en France, et pourtant il est un auteur majeur de XIXème siècle. Il a écrit plusieurs romans, et les plus connus ont déjà été adaptés, même Roman Polanski y a mis sa patte avec sa version cinématographique de Tess. Pour faire un film sur une œuvre d'Hardy, il faut savoir trouver la personne qui saura retranscrire les mots qu'il avait pour défendre la condition de la femme mais aussi pour décrire les paysages du Dorset. C'est chose réussie avec ce réalisateur. Le film est très beau, de nombreux plans font penser à des tableaux. Peut­être même à certains de Turner. De belles couleurs, de beaux plans, beaucoup d'éléments font que l'image est belle à regarder. C'est dans cette région même qu'ils ont tourné, et nous sentons l'authenticité des décors. Que ce soit en intérieur ou en extérieur, nous sommes entraînés sur les côtes anglaises.


L'adaptation est elle aussi bonne, s'il manque quelques passages du roman, l'essentiel est préservé. Le discours du film est là, c'est avant tout plus une histoire sur une femme qui rêve d'indépendance et de pouvoir choisir par elle­même qu'aux bons plaisirs des hommes. Un message qui aujourd'hui peut encore nous sembler vrai. Et ils n'auraient pas pu mieux choisir que Carey Mulligan pour interpréter Bathsheba Everdene , l'héroïne, cette femme qui se retrouve à la tête d'une ferme, quand on considérait cette tache seulement faite pour les hommes. Mutine, elle fait fondre les cœurs, tout en étant forte. Elle gère sa ferme avec une main de fer, sans compter sur les hommes pour gâcher tout ça.


Pour Hardy, les femmes ne sont que les victimes des hommes et de ce qu'ils souhaitent d'elles. Ici, c'est le cas. Trois hommes, tous de milieux différents, sont plus ou moins épris de Bathesba. Ici, ce sont eux qui sont guidés par les sentiments. Mais jamais ils ne sont détestables, ils prennent le temps à approfondir leurs histoires et caractères. C'est plus de la compassion que suscite le film. Matthias Schoenaerts, en Gabriel Oak, apporte un certain charme. Nous arrivons même à nous éloigner subtilement du cliché du soldat, Tom Sturridge est très touchant dans ce rôle. Le dernier homme (Michael Sheen), plus en retrait et pourtant pas moins important, est la figure même patriarcale. C'est un portrait d'une société oppressante envers la femme et le peu de liberté dont elles bénéficiaient à l'époque. Et tout ça est très bien retranscrit, le film bénéficie d'une très belle écriture.


Il est dommage qu'il se perde dans quelques longueurs, le film perd de sa subtilité et tout semble se précipiter par moment. Nous avons beaucoup moins de choses à admirer, c'est pour mieux terminer de raconter l'histoire de l'auteur anglais. Il y a un problème de rythme, mais cela ne gâche pas Loin de la foule déchaînée. Ils passent tant d'événements, sur un laps de temps plus ou moins long indiqué par les saisons (là aussi un thème important pour Hardy), que certains ne le remarqueront pas. Les émotions des personnages sont toutes présentes, ainsi que leurs motivations.


Loin de la foule déchaînée est un très beau film d'époque, dans lequel Carey Mulligan illumine l'écran. Fidèle au roman, le texte s'anime, avec de magnifiques plans, pour raconter une histoire qui n'est pas seulement sur l'amour.

Catmenteen
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le 31 mai 2015

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