Accident industriel grave aux Etats-Unis, la dernière production Jerry Bruckheimer méritait pourtant tout sauf un tel destin. Pour tout vous dire, je crois même que c'est le meilleur film de Gore Verbinski depuis le premier volet de « Pirates des Caraïbes ». Car il est peu dire que j'ai pris mon pied pendant 150 minutes, et ce pour de nombreuses raisons. Budget énorme, récit trépidant, humour absurde omniprésent mais (presque) jamais lourd, dépaysement total... L'ami Gore réussit une synthèse épatante entre western classique et spectacle moderne épique, donnant à l'œuvre un aspect souvent aussi inattendu que savoureux.
D'ailleurs, le résultat a un côté « les indiens sont un peu des enfoirés, mais ce n'est rien en comparaison des grands industriels et autres ordures américaines » assez rafraîchissant, très libre et évitant ainsi tout idéalisation de l'Ouest, sans jamais pour autant se départir de son incroyable bonne humeur. Cela n'en reste pas moins souvent excitant, incroyablement rythmé et réalisé avec beaucoup de maîtrise, à l'image de ce final aussi ahurissant que mémorable dans un train lancé à toute allure, le tout sur l'extraordinaire ouverture de « William Tell » de Rossini : un très grand moment de cinéma.
Reste peut-être un léger manque de soins apporté aux seconds rôles, et encore : pour une fois que les personnages féminins ne s'en laissent pas compter et n'hésitent pas à cogner lorsqu'il le faut, on ne va pas se plaindre, surtout quand le duo vedette Johnny Depp - Armie Hammer s'avère aussi complémentaire qu'explosif. Bref, du vrai beau spectacle à l'américaine, du divertissement comme on l'adore et peut-être même un peu plus : un régal.