Réinvention du western avec une tonalité métaphysique et à contre-courant

Pas étonnant que le public américain ait fait de Lone Ranger un flop au box-office américain.C'est un film avec plusieurs niveaux de lecture et qui demande un minimum de compréhension globale pour être apprécié. C'est même étonnant qu'il sorte des studios Disney et qu'il soit produit par Jerry Bruckenheimer. En lui-même, ce film est presque un ovni cinématographique aux Etats-Unis, ce qui explique aussi qu'il ait reçu à contrario un bon accueil en Europe où le petit supplément d'âme qui magnifie un objet de pur entertainment est aimé.
Ce qui plaît d'emblée, c'est l'association non choisie de Tonto et de John Reid. Tandis que l'Indien est peu bavard,philosophe mais aussi retors et plein de ressources (extraordinaire Johnny Depp), le procureur blanc gauche et peureux va prouver au fur et à mesure son courage pour devenir le "ranger solitaire". Deux êtres trés duels à eux deux mais aussi qui recèlent des surprises et des mystères.
C'est aussi un western où l'Indien est spirituel,animé par une croyance dans les esprits de la nature. Les scènes où Tonto prouve à John Reid que les animaux sont possédés par une force surnaturelle sont inédites au cinéma et redonnent aux premiers Américains leur vraie identité profonde.
J'ai également apprécié le mélange entre humour décalé et aventure. La sauce prend bien si le spectateur considère que Tonto et le ranger sont pris au dépourvu dans leur assises,leurs sérieux. Il faut aussi qu'il accepte l'ironie dans cet environnement mythique,trés bien retranscrit via les décors et les costumes d'époque. Un autre bon point est ce manque de repères entre bons et méchants qui fait que Lone Ranger ne devient pas manichéen refusant toute codification propre aux vieux westerns avec John Wayne par exemple.
Ce que j'ai moins aimé, c'est le rythme parfois trop lent du film qui a quand même une durée avoisinant les deux heures et demie.Certaines scènes d'exposition prennent d'ailleurs trop leur temps car il y a finalement beaucoup de choses à raconter. Le dernier tiers du film est heureusement virevoltant car toute l'intrigue autour de la présence du chemin de fer et de son utilisation mafieuse est expédié à un rythme d'enfer,musique comprise.
Dans l'ensemble, Lone Ranger est un film réussi car décalé et novateur. Il vous faudra étudier les agencements entre personnages,percer les subtilités de l'action pour vous l'approprier. Depuis Cowboys et envahisseurs et The Salvation, voilà encore un western vivifiant à ne pas manquer.
Specliseur
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les grands espaces et Pellicules 2015

Créée

le 4 janv. 2015

Critique lue 370 fois

3 j'aime

Specliseur

Écrit par

Critique lue 370 fois

3

D'autres avis sur Lone Ranger - Naissance d'un héros

Lone Ranger - Naissance d'un héros
guyness
6

Grand frère et damnation

Un bollockbuster© qui fait un départ poussif, voir raté, aux états-unis ça peut vouloir dire deux choses. Soit c'est pire que d'habitude soit c'est juste un peu différent. Alors pour ne rien vous...

le 8 août 2013

82 j'aime

14

Lone Ranger - Naissance d'un héros
Gand-Alf
8

Reliques de l'ouest.

De moins en moins motivé à trainer mon joli p'tit cul dans les salles obscures (c'est cher, le bluray sort dans quatre mois, y a des gens bizarres que je connais pas, faut que je mette un pantalon et...

le 9 août 2013

68 j'aime

21

Du même critique

Eiffel
Specliseur
8

Un biopic alternatif remarquable

Ce qui marque d’entrée dans Eiffel est la qualité des scènes d’époque du côté de Bordeaux où de Paris. Martin Bourboulon effectue une mise en scène épatante où chaque détail compte. Les extérieurs de...

le 13 oct. 2021

40 j'aime

Paddington
Specliseur
7

Un petit ours débonnaire dans un film drôle et optimiste

Je comprends mieux pourquoi nos voisins britanniques ont une affection si particulière pour Paddington.Ce petit ours péruvien et déraciné qui débarque à Londres a déjà un regard naïf mais pas tant...

le 14 déc. 2014

25 j'aime

3

Les Frères Sisters
Specliseur
5

Le western: pas un background pour Jacques Audiard

Quand j’ai lu,comme beaucoup de monde,que les Frères Sisters était une proposition de John C Reilly au réalisateur,j’ai commencé à avoir quelques doutes sur la nature de ce film pas véritablement...

le 20 sept. 2018

19 j'aime