Critique d'un premier visionnage très perplexe.
(Mes idées n'étant pas encore trop sorties du brouillard, petite critique à chaud !)
Lost Highway fait parti de cette longue liste de film qui me met le cul entre deux chaises, m'amenant à fantasmer totalement le talent du réalisateur d'une part, tandis que de l'autre côté, je n'ai de cesse de reprocher des éléments que je trouve objectivement à côté de la plaque. Peut-on oser critiquer Lynch ?
Je vais essayer.
Lost Highway possède un scénario pour le moins alambiqué. Fred Madison est un saxophoniste, les rapports avec sa femme, Renee, sont assez tendu mais sans aucune friction direct, il la soupçonne de le tromper. Ils reçoivent des cassettes montrant leurs propres maisons ... Filmé de l'intérieur ! Tension !
De l'autre côté, après plus de 40 minutes de film, on switch totalement d'histoire en voyant la vie de Pete Dayton, un jeune mécanicien amnésique qui va s'éprendre de la belle Alice, qui ressemble comme deux goute d'eau à Renee mais en blonde. D'autant plus que cette Alice est la copine de M. Eddy, un dangereux mafieux.
Deux scénarios qui ne se mêlent pas par la narration, mais par des détails (personnages communs, phrases en commun, musique, détail géographique). Deux scénarios ou un seul ?
Dans ce film, Lynch entant se confronter au seul sujet digne d'intérêt pour un homme de son envergure : le cerveau ! La pensée humaine, telle est le drame de ce film qui n'a pas de solution. A-t-on à faire à la même histoire ? Deux mondes différents ? Les pensés d'un fou ? Un type qui revisualise son propre monde ? Et qui est cet homme mystère au regard si effrayant ? Lynch n'offre jamais aucune réponse et envoute le spectateur à grand coup d'effet psychédélique, où les effets spéciaux deviennent la psyché des personnages et où la musique devient un personnage à part entière. Car oui, dans ce film, les seuls pistes que donnent Lynch sont dans la musique. Grâce aux sons nous savons si une scène est joyeuse ou triste, si il y a une tension sexuelle ou une tension de mort. C'est dans la musique qu'on trouve les réponses.
Mais qu'est ce que je reproche alors au film ? Et bien déjà sa longueur au démarrage. C'est d'autant plus frustrant qu'au bout d'un tiers du film, on change d'histoire. Le début est vraiment long, mais long, c'en est morne au possible. Et le pire, c'est que l'autre élément que je reproche, c'est le maniement très maitrisé de Lynch pour les thriller psychologique. On rentre dedans, il y a de la tension, on est sous le choc. Mais du coup, on s'ennuie au début jusqu'à l'arrivé de cette tension, mais très rapidement on comprend que le film, ce n'est pas ça. C'est plus mystérieux, plus secret ! Le regard du spectateur est sans cesse gêné par ce tape à l’œil alors qu'il sait qu'il doit voir au-delà.
Au final, j'ai regretté que le thriller soit ainsi, lui aussi, entre deux chaises, trop présents pour ne pas cacher des éléments plus métaphysiques et trop absents pour ne pas frustrer.
Au niveau technique, il y a des plans magnifiques et d'autres d'un commun. Globalement, une grande partie du film m'a laissé de glace au niveau esthétique et cadrage. Les personnages sont plutôt dedans même si quelques fois ils ne m'ont convaincu que moyennement.
Au final, celui qui n'est pas réellement dans le film, c'est peut être moi ?
Car, plus d'une fois, je senté passé à côté du film, comme si l'ambiance thriller-psycho-méta-psychiatrique m'amenait sur la mauvaise pente et ne parvenait pas à m'accrocher sur les bonnes rails.
David Lynch est peut être parvenu à son but : réaliser un film qui ne donne que peu de réponse et qui oblige le spectateur à de nombreux visionnages.
A revoir !