Cette critique n’est pas une analyse détaillée du film qui va vous aider à interpréter la complexité de la narration de Lost Highway, étant donné qu’elle a déjà été faite brillamment par un membre de Sens critique. (Lien en bas de la page). Cette critique va plutôt faire résulter mon ressenti après ma vision du film avec le moins de spoiler possible et les éléments qui caractérisent le cinéma de ce grand réalisateur.
5 ans après avoir réalisé le préquel de la célèbre série Twin Peaks qui a marqué toute une génération, David Lynch revient avec un film encore plus obscur et plus lugubre que son prédécesseur. Lost Highway est une œuvre à part entière dans le cinéma, comme tous les films de David Lynch. Le réalisateur nous plonge dans un labyrinthe narratif où le spectateur est autant déboussolé que les personnages. Il va installer une ambiance singulière, funèbre et obscure aussi bien dans les dialogues que dans les décors ou la photographie. Les dialogues qui sont d’ailleurs la clé du film avec la musique.
David Lynch nous transporte dans le voyage intérieur d’un homme à travers ses réalités apparentes sublimées par l’onirisme qui s’émane du film. Il réalise un voyage mental dans plusieurs réalités parallèles ou une seule et même réalité. Chaque élément du film peut être interprété différemment par chacun des spectateurs. La photographie est aussi mystérieuse que ses personnages, à la fois magnifique et ténébreuse. Les couleurs prédominantes étant le rouge et le noir ont une place à jouer dans le labyrinthe narratif qu’est Lost Highway. Notamment pour les intérieurs des maisons ainsi que ces décors aux alentours. Le rouge étant la couleur favorite du personnage de Bill Pullman au vu de la couleur de sa voiture, des fleurs et de ses rideaux qui font étrangement penser au rideau rouge de la série Twin Peaks. Ce n’est pas anodin si le film contient de nombreux détails de la série glissés dans le film, à commencer par les rideaux rouges se trouvant dans la chambre du personnage de Bill Pullman. Mais aussi le côté dissipé et rebelle du personnage de Pete qui concorde sur bien des aspects à celui de James dans la série. Plus particulièrement avec son blouson noir, sa moto et sa coupe ténébreuse. Les deux personnages éprouvant tous deux un désir insensé pour une femme fatale, nymphomane et blonde. (Bien que les personnages soient opposés). Le personnage de Patricia Arquette m’a envoûté, elle tient ici son meilleur rôle en incarnant une femme sulfureuse, énigmatique et terriblement séduisante.
Le film est un condensé du cinéma de David lynch, on y retrouve le voyeurisme et l’érotisme d’un Blue Velvet, la bizarrerie d’un Eraserhead, l’aliénation d’un Sailor et Lula, l’onirisme et l’inter-monde d’un Twin peaks et enfin la complexité d'un Mulhollande Drive. Le film peut être plus apprécié et mieux compris si on connait déjà certaines œuvres du réalisateur. Notamment le film Twin Peaks qui se rapproche le plus avec Blue Velvet et Muholland Drive de Lost Highway.
Au final David lynch nous dépeint l’un des films les plus obscurs de sa carrière avec (Inland Empire) mais surtout le plus abouti avec Muholland Drive. Un film culte où chaque plan, chaque musique et chaque parole procurent une perception distincte pour chacun des spectateurs le regardant avec attention. Arrivant à entremêler plusieurs thèmes à la fois tout en créant un mythe qui ne sera jamais élucidé totalement, Lynch réalise une œuvre intemporelle qui encore aujourd’hui, ébranle les spectateurs et moi-même.
(* lien vers une analyse brillante du film, réservé pour les personnes ayant vus le film : http://www.senscritique.com/film/Lost_Highway/critique/1526387)