Étant un grand fan de Lou ! et ayant misé sur la sortie du film pour réaliser une colonie/camp avec ce thème, je suis allé voir le film malgré mes faibles finances afin de déterminer quoi prendre du film pour concevoir l'univers du camp.
Étant donné que ce qui est bon dans le film vient directement de la BD (l'univers, l'esthétique, les personnages), je pense que je peux écarter ce dernier, excepté pour la BO, très bonne, il faut l'avouer (mention spéciale au thème de Sidéra), même si elle ne retranscrit pas aussi bien l'univers que le fait la série animé, si on veut rester dans le domaine de l'adaptation.
Mais alors, si on prend le film pour lui seul, qu'est-ce qui lui reste ? Et bien, comme ça l'a été démontré plusieurs fois par d'autres, une direction d'acteur souvent désastreuse (mention spéciale à la scène où les filles en haut de l'immeuble observent les garçons qui sont en bas, et le désormais célèbre : "T'avais pas dit ça" joué le sourire aux lèvres par un jeune censé exprimer la panique. Jeune d'ailleurs qui n'a été calé là (avec son pote) que pour le clin d’œil à la 4ème BD et sans doute aux bronys (si l'on en croit leur passion pour Sidéra transmuté en passion pour les licornes) et qui n'ont qu'une interaction très limité avec les personnages récurrents de la Bande Dessinée.
C'est d'ailleurs un autre point : Au lieu de faire un film qui se suffit à lui même, Neel (que je salue au passage pour ses goûts esthétiques mérités) décide de mettre des allusions concernant les 5 premiers tomes (s'il y en a du 6ème, je ne les ai pas capté) qui alourdissent un brin le film, et pourtant, je suis un fan des caméos, habituellement ! Ces "extraits" qui sont ce qui sont, ne permettent que de survoler ce qui fait le cœur de la BD (le passage à l'adolescence difficile, les tensions amicales, la relation mère-fille intergénérationnelle, l'absence dommageable de Paul et du père de Lou, la relation entre Sophie et Henry...) tout en se permettant d'ajouter d'autres extraits sortis de la série animé mettant parfois mal à l'aise (mais où Julien Neel a t-il voulu en venir avec la scène de la mère de Mina qui s'enlève sa veste ?).
Mais bon, si j'en parle autant, c'est que le film m'a quand même touché (excepté dans ses 15 dernières minutes, que je trouve clairement en trop). Khojandi joue très bien Richard, Sagner peine un peu à convaincre en mère geek mais donne le change, les cuisiniers italiano/chinois sont un apport intéressant, Baye, grand-mère qui fait une tête de plus que sa fille dans le film et deux de moins dans la BD, donne bien le change également (même si, comme dit plus tôt, son intervention est pour moi soit en trop, soit pas assez approfondie).
Enfin bref, en enlevant 5 minutes inutilement contemplatives par scène, en enlevant les interrogations finales inutilement inutiles de Lou, et en complexifiant les interactions des personnages tout en incitant d'avantage les acteurs à vivre leurs rôles, Julien Neel aurait pu nous offrir un très bon film, une très bonne adaptation et démontrer que ses talents peuvent s’étendre au delà de la BD et de la musique !
Ce n'est malheureusement (pour lui) actuellement pas le cas, et étant donné l'orientation des thèmes du film et le manque de finition (si l'on écarte les décors et les costumes), j'avoue que je suis inquiet pour le 7ème tome, après un sixième sympathiquement ésotérique, très bien colorisé, mais assez pauvrement dessiné (à l'exception de certains décors) et approfondi scénaristiquement (même si je partage l'amour de monsieur Henry pour les lapins) et dialoguistiquement (j'invente des mots, c'est ma fierté) !
Réflexion faite, le sixième tome a peu ou prou les mêmes défauts que ce film !