Dans Paris, où il est aisé, pour une jeune fille mineure abandonnée par sa mère, de vivre seule dans un appartement aux dimensions haussmanniennes lui-même dans un immeuble à cour intérieure, nous suivons les aventures, principalement sexuelles, de Murphy, Electra, et Omi (la jeune fille de la première ligne), ainsi que de quelques personnages secondaires.


Il est impossible de vraiment s'attarder sur le scénario, tant celui-ci est vide et dénué d’intérêts, une grande partie du film étant constituée de scènes de sexe, souvent longues et non simulées, entre les différents protagonistes, bien que l'histoire se focalise, à travers des flash-backs, essentiellement sur sur nos deux héros : Murphy et Electra. Ceux-ci, censés nous montrer tout leur amour à travers leurs ébats, de temps en temps en trio, ne parviennent pas à transmettre la moindre émotion, qui sont délaissées au second plan par le sexe, le sexe et le sexe, au point de disparaître.
En effet la relation entre les deux personnages principaux, soi-disant faite de romance, m'a plutôt réconforté dans l'idée qu'un couple basé uniquement sur l'entente sexuelle, ne peut tenir dans la durée. Les dialogues, en plus de ne faire avancer l’histoire qu'une fois sur cent, sont répétitifs, sans réels intérêts et extrêmement vides, ce dernier mot correspond d'ailleurs aussi aux personnages. La pauvreté des répliques et leur répétition, particulièrement lors des dialogues de nos deux tourtereaux, résultent peut-être du souhait de vouloir représenter la réalité de la vie et la routine au sein d'un couple, mais cette impression ne se fait pas réellement ressentir. Le jeu d'acteur est lui aussi dans l'ensemble assez faible, c'est creux et peu expressif, voire ennuyeux et ridicule. Les émotions des personnages semblent fausses ou surjouées, comme interprétées avec un manque de sérieux effarant, et plus le film avance et plus cette désagréable sensation saute aux yeux.
N'ayant pas du tout accroché à l’œuvre et croyant qu'il y avait potentiellement une simple volonté de ne montrer que du sexe pendant 2 heures qui en paraissent 4, je me suis alors posé ces questions suivantes :


1/ Peut-être le film est-il fait pour faire parler, débattre et choquer à l'aide de ses nombreuses scènes de sexe non simulées ? Mais si c'est le cas, le concept n'a alors rien de nouveau : l'Empire des sens, entre autres, faisait la même chose, et ce 39 années avant Love. De plus, le film sort en 2015 : l'âge d'or du porno est passé depuis quelques décennies et il est, à l'ère d'un internet monstrueusement bourré d'informations, très facile d'accéder à du contenu pornographique. La société actuelle est de plus en plus décomplexée face au porno, qui le rend de moins en moins tabou, assume toujours davantage d'en consommer, s’avère parfois habituée aux gros plans, au bondage et au gonzo, et qui a fini par accepter qu'il fasse maintenant partie intégrante de la culture. Aussi, réaliser un film composé majoritairement de scènes de sexe très explicites, plus que dans un simple film érotique, me semble peu astucieux, voire étourdi.


2/ Ou peut-être ne suis-je pas le public visé ? Mais auquel cas quel est-il ce public ? Sont-ce les jeunes étudiants issus de classes aisées qui, comme nos deux héros, se font payer études dans diverses écoles d'arts et appartement à Paris par leurs parents, et ayant si peu de problème dans leur vie, décident de s'en créer en incluant adultères et drogues dures dans leur quotidien ? Ou alors est-ce pour les adeptes de la vision de la vie en rose, vie qui leur semblent d'une simplicité aberrante, profil très souvent similaire au premier, capable de vivre d'amour, de sexe et d'eau fraîche uniquement ? Dans les deux cas je ne puis m'identifier à l'un ou l'autre, et cela explique sûrement mon ressenti sur le film, ainsi que les nombreuses critiques pro-Love que j'ai pu lire, qui divergent de celle-ci ; bien que je sois sûr que ces deux profils aient aimé l’œuvre.


Seul faux pas de la carrière de Noé a mon sens, le film paraît comme soumis à la Loi de Murphy, rien ne s'améliore pendant toute sa longueur, et n'est qu'au final une sortes de porno déguisé, l'explicité des scènes ne me permettant pas d'appeler cela de l'érotisme.
Aller, j'adore Gaspar Noé, et le voir dans ce film porter une perruque ne peut que me faire rajouter un point à la note finale.

TastyBrain
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le 9 juin 2020

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TastyBrain

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