En v'là une de critique qui va être simple tiens.


Autant commencer par le commencement, le titre.


Du "Love and Mercy" original, voilà qui donne donc en français "Love and Mercy : La véritable histoire de Brian Wilson des Beach Boys".


Duh.


Soyons justes, soyons sévères. Il existe un grand nombre de pays, souvent latins, qui n'ont des Beach Boys que l'image d'un proto boys-band bronzé tout juste bon à faire danser les pin-ups d'hier dans des bikinis orange sur des plages lointaines. Pin-ups d'hier, mamies d'aujourd'hui, pour les plus robustes.
Dans ces mêmes pays bien souvent, on peut remplacer Beach Boys par Beatles, ça marche presque aussi bien, suffit de retirer la plage et de remettre son manteau.


On ne peut pas reprocher au commun des mortels de ne pas savoir qui est Brian Wilson.
(En fait si on pourrait, mais à ce tarif-là, on se mettrait à déporter trop de monde, pour un oui ou pour un non.)


Heureusement, Hollywood (VF) est là pour nous flécher la culture et nous instruire dans la joie.


On va donc enfin connaître l'histoire de ce Brian Wilson et des ses potes (frangins ? ah ouais carrément...) surfers du dimanche qui nous ont tant fait rêver avec leurs tubes immortels (c'est pas comme mamie, paix à son âme).


"Fun fun fun"!! " I get around" !! "Surfin' USA" !! "California girls" !! ...


Eh ben non. Autant le dire tout de suite : la véritable histoire de Brian Wilson des Beach Boys - en plus ça prend pas trop de temps à écrire comme titre à la con, ne vous apprendra strictement rien sur la véritable histoire de Brian Wilson des Beach Boys. pfiouuu.


Construction en double hélice, allez hop ça non plus ça veut rien dire, le film s'articule autour de deux périodes (certes charnières) de la vie du bonhomme entre lesquelles il va falloir surfer sans trop se casser la gueule. Han la mise en abyme de folie cette critique.


L'intrigue commence à peu près au moment où Brian*, qui vient d'écouter Rubber Soul (Beatles - 1965) décide de frapper un grand coup en entreprenant la composition et l'enregistrement pharaoniques du plus grand disque pop de tous les temps : "Pet Sounds".
Attention. Il s'agit du plus grand disque pop de tous les temps pour les américains.
Et pour quelques connoisseurs anglais.
Et accessoirement pour votre serviteur, mais on s'en fout bien.


Double hélice donc, avec une première période 65-71, allant de Pet Sounds à Surf's up, entrecoupée d'une période années 80, sans musique (Et Kokomo, c'est du mou de veau ? Bon ok, c'est pas de Brian...) mais terriblement terrible, car décrivant le cauchemar bien terrible dans la vie de notre surfer en robe de chambre, transformé en marionnette téléguidée par un terrible psy-gourou (Eugene Landy - Paul Giamatti, meilleur d'habitude...) psychiatre et coach-de-vie qui lui a sucé la wax pendant 20 piges. Oui c'est triste, mais c'est sa vie hein.


Et là, pan. Première grosse bourde : le casting.


D'un côté, Paul Dano (si si , souvenez-vous, il imite déjà Elliott Smith à la perfection dans "Little Miss Sunshine") dans le rôle d'un Brian Wilson jeune : complexé, mal dans sa peau, grassouillet, ni beau gosse ni bronzé. Quasiment parfait pour le rôle, rien à dire.


De l'autre, John Cusack. LE type qui fait deux mètres, parfaitement à l'aise et slim, avec son faux air de chien battu derrière sa bogossitude ultra-cool et détendue.
Rien que ça n'a aucun sens.


C'est pas qu'on n'aime pas John Cusack. Mais franchement le gars n'a strictement rien à foutre ici.
Il peut baisser les yeux et les joues tant qu'il veut, y'a pas moyen d'y croire une seule seconde tellement John Cusack n'est pas Brian Wilson. Bon, premier point.


Ensuite, et on va faire assez court, parce que 6/10 ça mérite pas qu'on salisse deux pages de Word, le problème est simple :


Soit on aime et on connaît les Beach Boys (c'est mon cas, personne n'est parfait) et alors on n'apprendra strictement rien en regardant ce film. On ne plongera pas dans la reconstitution tant attendue de l'enregistrement de "Pet Sounds", les expérimentations, les ratés, le mixage, les prises de son, les prises de tête... Mais dans ce cas il aurait fallu un minimum de quatre heures, ça aurait gonflé tout le monde et on aurait appelé le film "Pet Sounds" (en VF : "Pet Sounds : la véritable histoire de l'enregistrement de Pet Sounds par Brian Wilson le mec qui a écrit tous les tubes des Beach Boys")


Soit on ne connaît pas les Beach Boys en dehors des tubes-à-mamie cités plus haut, et dans ce cas on aurait pu passer un bon moment devant un film racontant vraiment l'histoire du groupe, avec une bande-son de ouf, un léger détour sur le côté border de Brian Wilson (Brian Wilson, c'est le mec des Beach Boys, souvenez-vous, ndA) et puis basta. On serait sorti de là tout bronzé, avec la compile qui va bien dans son iPhone et on n'en parlait plus.


Ni l'un ni l'autre donc.
Ah et puis merde tiens je vais lui mettre 5, rien que pour le foutage de gueule psycho-misérabiliste - mais désormais obligatoire, qui accompagne tous les biopics de musiciens célèbres.


Ça aussi ça m'énerve.


De Mozart à Beethoven en passant par Brian Wilson* donc, y'a pas moyen de couper au mythe du génie totalement taré, incompris, possédé, que tout le monde admire mais personne ne l'aime parce qu'il se lève tard et qu'il picole en pyjama cette espèce de fainéant qui bosse quand il a le temps.


Hey les gars ! Et mon pote Jean Sébastien, il a fait comment pour composer son oeuvre pour orgue, pour clavecin, pour piano, ses motets, ses passions, ses concertos et ses 209 cantates qui font que l'intégrale tient à peine sur 200 CD ?? Il s'est tripoté la nouille dans son pyjama jusqu'à 18h du mat' peut-être ?? Hein ??


Ah oui c'est vrai.
Y'a pas de film sur Jean-Sébastien.


Finissons-en.


En gros "Love and Mercy" est un film qui ne sert à rien, contrairement à l'oeuvre de Brian Wilson* qui elle a servi à inventer la musique pop des 40 années qui ont suivi. Comme ça c'est clair.



  • Brian, c'est Brian Wilson

  • Brian Wilson des Beach Boys

  • Brian Wilson, le compositeur des Beach Boys

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le 16 déc. 2016

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