Première réalisation de Stephen Chow, c'est aussi le premier que je découvre après ses deux gros succès internationaux, Kung fu master et Crazy Kung Fu. Et son humour bien particulier était déjà bien présent, tant le pitch ressemble dans ses grandes largeurs à ces derniers. On suit donc un gentil lâche mais tout naïf accroc à une nana qui le rejette, car il a évité un coup du prof de karaté de cette dernière, pervers au passage (et doté d'une belle tête de teubé avec ses cheveux longs au rabais), et du coup elle le reçoit en pleine poire. Ainsi, il veut lui aussi devenir super fort pour la conquérir, entraîné par un marchand bizarre qui semble exploiter à mort sa crédulité (il a un petit côté Tortue Géniale), mais les apparences sont trompeuses. Ce qui le conduit malgré lui à un duel final surprenant (la technique d'intimidation pour perturber son adversaire, c'est énorme) contre un champion de karaté encore plus fort, qui lui a aussi piqué sa nana (elle aime les mecs super forts).


Cette comédie mêlant burlesque, romance, et kung-fu avance sur un rail hyper dynamique, bourrée de gags hilarants et décalés, dotée d'un véritable sens de la mise en scène à base de bouffe, de caca, de super-héros déguisé en personnage de dessin-animé, d'entraînements louches, avec en arrière-plan une critique des apparences (le véritable héros n'est pas celui qu'on croit). Et durant le combat final, une critique loufoque se met en place contre les médias et la société du divertissement (où par exemple les commentateurs meublent les silences en lisant des bouquins pris au hasard, mais qui collent à la réalité, ce qui crée des situations pour le moins insolites).


Ainsi, ce réalisateur/acteur transmet à travers son film une réelle bonne humeur, pas trop gol (ou dans le bon sens), et bourré de références qui parleront même à un non-initié de la comédie HK (à l'image de cette parodie osée de Terminator, idole de la meuf, ou cette référence à Garfield). Un humour que je préfère à celui de Jackie Chan par ses fantaisies visuelles (avec beaucoup de bricolage inventif qui donne un joli charme désuet à la réalisation), son personnage mixant les facéties de ce dernier avec une allure naïve, maladroite, et touchante à la Pierre Richard, et un rythme qui ne défaillit jamais, grâce à cet enchaînement d'idées plus délirantes les unes que les autres, en dépit d'un dénouement final forcément attendu dans toute romance qui se respecte.


Bref, Love on Delivery ou le film parfait pour vous décoller les neurones et vous animer les zigomates, pour peu que vous soyez réceptifs à ce type de comédie fo-folle, déjantée, mais aussi touchante, sans oublier un trio de personnages (surtout le maître et son élève) barrés mais attachants.

Arnaud_Mercadie
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le 22 avr. 2017

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Dun

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