Critique n°284:"Je ne pleurerai plus jamais Lucia"

C'est dans l'année 2002 qu'est sorti ce véritable ovni sorti de l'imagination de Julio Medem, réalisateur espagnol qui a toujours eu le chic pour écrire des histoires très complexe et complètement décalées sur un thème précis et pour ce film, c'est donc le sexe et l'amour qui sont mélangé à une comédie dramatique vraiment bizarre. Devant la caméra, on retrouve Paz Vega, principal actrice connue dans ce film très peu connue du grand public.


Pour le coup, je m'apprêtais à descendre ce film que je jugeais beaucoup trop osé et particulièrement inutile mais je me suis dis, attend, laisse toi la nuit pour réfléchir. Après réflexion, j'ai pu trouver dans ce film une véritable histoire d'amour raconter en flash-back, c'est ce qui m'a motivé à mettre la note de 7.


De quoi parle le film? Excellente question: je dirai qu'il y a plusieurs manières de comprendre ce film: soit on comprend que c'est une belle histoire d'amour entre deux êtres qui vouent un culte à l'amour charnelle, soit on comprend que le réalisateur est obsédé sexuel qui filme des plans tellement osé que certains se seraient retournés dans leurs tombes en voyant un tel scandale devant leurs yeux. J'ai préféré comprendre ce film en faisant un mic-mac de ces deux idées ce qui m'a donné: une belle histoire d'amour charnelle entre deux personnes ne pouvant pas s'exprimer autrement que par le sexe.


Revenons un peu sur la construction du scénario, qui est vraiment compliquée. Le scénariste et réalisateur nous emmène sur une île où Lucia veut pleurer la mort de son mari puis boom tac tac, on se retrouve 6 ans plus tôt, dans une crique, deux personnages, dont le futur mari de Lucia font l'amour dans la mer et tout le long du film, ce processus d'allez-retour incompréhensible revient sans cesse et perd complètement le spectateur. Oui, vraiment, y a des moments j'ai voulu arrêté tellement je ne comprenais rien puis je me suis accroché et là, j'ai eu des réponses à toutes mes questions sauf une: pourquoi présenter autant de sexe dans un seul film.


La réponse est venue plus tard, après avoir analyser un peu plus l'histoire, j'ai compris que le personnage de Lucia ne parvenait pas à s'exprimer, elle était totalement incapable d'expliquer les situations à son mari et dès qu'ils passaient à l'acte, c'est comme si les deux se répondaient mutuellement entre deux.. Bref, pas besoin de vous faire un dessin. Je vous l'accorde, on a connu des relations plus simples dans l'histoire du septième art. Mais finalement, c'est d'une certaine manière la force du film, montrer que ce couple que tout oppose parvient à communiquer à travers le désir sexuel. C'est finalement très osé de la part de Julio Medem mais il parvient à l'écrire, c'est très bien joué de sa part.


Passons maintenant à la mise en scène: pour faire un film où le sexe est omniprésent, deux solutions s'offrent à vous: soit vous faites un truc comme 50 Nuances de Grey, c'est-à-dire, vous ne recherchez pas du tout à mettre le spectateur mal à l'aise malgré des scènes très dures, on peut remercier Dakota Johnson et son jeu d'actrice si parfait... Grosse pointe d'ironie.. Ou bien, vous faites comme dans Lucia et le sexe, l'avis du spectateur ne compte pas et vous filmez des images suffisamment spéciales pour l'offusquer mais pas trop trash pour ne pas le dégoûter. C'est ce que fait parfaitement Julio Medem dans son film. Ajouter à cela une excellente bande originale qui a obtenu un Goya à l'époque et vous parvenez à rendre cela supportable pour le spectateur.


Paz Vega est donc l'actrice principale de ce film et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle n'a pas du tout froid au yeux. L'actrice donne de sa personne pour jouer son rôle qui est pourtant véritablement compliquée à jouer étant donner les scènes de nudités qu'elle a dû tourner pour le film. Mais par delà ces scènes, l'actrice parvient à nous toucher dans les moments plus simple, où elle se retrouve à discuter avec d'autres personnages. Une véritable performance récompensé par un Goya du meilleur espoir féminin. Son partenaire à l'écran, Tristan Ulloa est également très bon. Les deux acteurs parviennent à rester vraiment crédible malgré l'étrangeté de la relation entre leurs personnages, très fort.


Au final, ce film est une ode à l'amour sauvage, l'amour charnelle, et également un véritable scandale mais bon, la crédibilité des acteurs et le scénario en tiroir permettent au film de se regarder sans trop de gêne. Un film difficilement appréciable mais qui reste très efficace dans le message qu'il veut véhiculé et dans son histoire. Une oeuvre vraiment bizarre.

Créée

le 22 avr. 2016

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Bastien Rae

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