Ici, la grandeur de l'Homme est involontaire et soumise au rang royal. Ludwig devient donc naturellement Louis II de Bavière contre son gré. Artiste dans l'âme, la personnalité de cet homme en soif de liberté ne correspond pas à ce qu'on attend de lui, le monde dans lequel il vit, malgré sa richesse et son confort, est incompréhensible.
Son rang lui accepte depuis toujours une certaine forme de caprice, ce qui lui permet d'accomplir un rêve : accueillir en résidence le grand compositeur Richard Wagner avec qui il se lie d'amitié. La notion de grandeur dans ce cas-là est injustifiée personnellement puisque les décisions prises par le roi, signe d'intelligence et de puissance extérieure, dépendent de l'influence de ses conseillers et de son cercle social proche.


En revanche, ce cercle social proche détient le vrai pouvoir de part sa capacité d'influence auprès de Ludwig. Prenons comme exemple le passage où Ludwig, aveuglé par le génie de Wagner, ne voit pas la façon dont Wagner profite de sa gentillesse et essaie de se faire convaincre par ses conseillers du comportement malsain du compositeur.
Pour Ludwig, nous parlerons plus de grandeur d'âme et de personnalité vivant en parallèle de sa vie réelle, une complexité nourrie par son attirance pour sa cousine Sissi l'impératrice et pour les hommes.


Le contexte politique n'arrange pas les choses puisque l'unification allemande menace l'indépendance de la Bavière. Désespérés face à la gouvernance relative de Ludwig, les hauts conseillers du royaume cherchent une façon de le destituer et finissent par l'interner au château de Berg où il mourra très vite.


Ce film arrive en parallèle de la saga des films de Sissi l’impératrice, jouée par Romy Schneider dans les deux cas, et apporte une vision différente et cohérente de cette saga et du personnage de Sissi.
L'idée de l'homosexualité évoquée dans ce film est également due à la période de tournage, les années 70, première libération LGBT en Europe. Période propice à la création cinématographique de drames historiques grâce à l'engouement des personnes pour ce type de films. Les costumes et les décors du film donnent une idée du budget alloué au projet, ce qui permet une fois de plus de justifier la demande importante de ce type d'oeuvre.


La narration de ce film est basé sur le personnage principal, Ludwig, issu d'une famille noble qui gère et anticipe les progénitures à travers l'accouplement des cousins et cousines de la famille afin de conserver un sang bleu dans le cercle royal.
Le film est découpé en deux parties qui sont elles-mêmes découpées en autres petites parties. Ces petites parties débutent toujours avec un témoin proche du roi qui exprime, sur fond noir, son avis et son ressenti au sujet de Ludwig, s'en suit la partie correspondant au témoignage du proche. Ces coupures permettent de se retrouver dans l'histoire et de relancer l'intrigue dans un film qui est long et souvent redondant.
Ludwig, lui, doit renoncer à sa notion du monde pour gouverner justement et s'adapter aux envies de son peuple et de sa famille. Très croyant, il trouve la force de gérer un temps soit peu son rôle de roi grâce au catholicisme qui lui donne la foi et l'espoir de continuer.

Créée

le 18 déc. 2018

Critique lue 1.2K fois

4 j'aime

4 commentaires

Lu Lu

Écrit par

Critique lue 1.2K fois

4
4

D'autres avis sur Ludwig - Le crépuscule des Dieux

Ludwig - Le crépuscule des Dieux
Docteur_Jivago
7

Le Déclin de l'Empire Bavarois

Luchino Visconti en est alors au crépuscule de sa carrière lorsqu'il met en scène Ludwig - Le Crépuscule des Dieux en 1972 (il décédera 4 ans et deux films plus tard), évoquant la vie de Louis II de...

le 5 févr. 2017

29 j'aime

5

Ludwig - Le crépuscule des Dieux
LouvedAvalon
10

Le Lys Noir et le Roi des Rêves

Ce fut donc le deuxième Visconti que je me visionne, celui-ci et probablement celui qui reste envers et contre tout mon préféré tant ce film testament est l'essence même non seulement du style à la...

le 21 oct. 2017

19 j'aime

3

Ludwig - Le crépuscule des Dieux
Watchsky
9

Le Château du Roi Fou

À la gestion de l’économie, le roi Louis II de Bavière préférait s’occuper de la construction de ses châteaux flamboyants. Plutôt que de subventionner des guerres, il préférait devenir le mécène de...

le 26 févr. 2019

18 j'aime

13

Du même critique

Violette Nozière
lucie_jacquet45_lapo
6

Une Huppert au poil

Violette Nozière, ici incarnée par la jeune Isabelle Huppert, a ébranlé toute la France dans les années 30 de part son parricide qui a coûté la vie à son père. Violette a deux visages, celui de la...

le 18 déc. 2018

2 j'aime

37°2 le matin
lucie_jacquet45_lapo
10

"On est comme les deux doigts de la main tous les deux"

Un étrange mélange entre Bagdad Café, le Grand Bleu et Mad Max. Bouleversant, 37°2 le matin nous transporte avec ses personnages et prend le temps de disséquer chaque étape de cette relation...

le 6 juin 2019

Le Cinquième Pouvoir
lucie_jacquet45_lapo
8

Le mal renversé

Dans ce film de Bill Condon, on découvre le personnage majeure du récit, Julian Assange, à travers Daniel Berg, son co-équipier pendant plusieurs années, évoqué comme le personnage principal...

le 18 déc. 2018