Un chien qui fait du scooter, et ça ne choque personne. D'accord.

Reprenons : c’est l’histoire d’un chien milliardaire qui porte des lunettes et un nœud papillon, père adoptif d’un enfant qui peine vraisemblablement à dissimuler son autisme, traversant le temps à travers un vaisseau ressemblant vaguement à une grosse pomme rouge. Avec un tel pitch, difficile de ne pas être intrigué en plus de repenser à celui d’Homer Simpson proposé à Ron Howard « c’est l’histoire d’un robot-tueur moniteur d’auto-école qui remonte le temps on ne sait trop pourquoi pour sauver son ami… qui est un gâteau qui parle ! ».

Mr Peabody est avant un cartoon célèbre américain de la fin des années 50 qui n’a pas véritablement eu le privilège de s’exporter outre-Atlantique. De manière ludique, l’animé explorait le temps sur plusieurs continents. Avec tous les progrès techniques du film d’animation, il faut bien avouer qu’une nouvelle version pouvait se montrer très intéressante, en reprenant l’esprit ludique du matériau original et en le combinant à un sentiment de l’épique. De quoi proposer une alternative intéressante à Retour vers le Futur !

Passé une courte mais lourde introduction présentant Peabody, le film commence sur les chapeaux de roue, propulsé au milieu de la Révolution française. Evidemment, le ton américain y est soutenu à travers une vision sans doute trop simplifiée de l’époque, même pour les plus jeunes : résumer l’un des tournants politiques les plus importants d’un pays au fait que Marie-Antoinette mangeait trop de gâteau sans le partager, on aura vu mieux. Rapidement, on comprend que les « célébrités » de l’Histoire vont être les principaux intervenants du film, ce qui a toujours son lot de capital sympathie.

L’intrigue, mettant notamment en scène la relation père-fils entre Peabody et le jeune Sherman, faisant ses premiers pas à l’école, manque quant à elle d’intérêt comparé aux séquences de voyage dans le temps. On passe finalement plus de temps à se demander pourquoi un chien qui fait du scooter, ça ne choque personne. L’histoire se base sur un schéma classique, à savoir une mauvaise utilisation de la machine à voyager dans le temps qui nécessite donc d’aller dans le passé pour remédier au problème. On est finalement un peu déçu par le nombre de période réellement visités, le film étant malheureusement soumis à un format précis, contrairement à la série, ayant forcément beaucoup plus de libertés de ce côté-là.

Les aventures se succèdent sans véritablement d’intérêt, mais on le mérite de ne pas ennuyer. Certains gags fonctionnent bien, mais ne sont pas forcément ceux qui sont destinés à la jeunesse, en admettant que les bambins qui iront voir M. Peabody et Sherman n’ont logiquement pas encore vu Spartacus, par exemple. Passé ces rares trouvailles, le film manque d’audace. Il a à sa disposition un potentiel fou, de par sa nature de film d’animation peu sérieux, celui de bouleverser complètement le temps et de proposer des affrontements incroyables. On ne fait qu’entre-apercevoir le potentiel dans le dernier quart, mais le tout reste trop convenu.

Même si la série Mr. Peabody est plus ancienne, nous autres français penseront davantage à un mix peu réussi de plusieurs épisodes de la série animée Retour vers le Futur, qui proposait sensiblement la même approche. Par chance, le film n’est pas désagréable, et comme dit plus haut, il n’ennuie pas. C’est éventuellement dommage que Dreamworks en fasse un énième produit générique du film d’animation, d’autant plus que ça n’est pas forcément la réalisation assez plate de Rob Minkoff qui va transcender le film. Quitte à aller voir un film d’animation, mieux vaut se tourner vers Minuscule, la vallée des fourmis perdues ou le dernier Miyazaki.

La critique sur Cineheroes : http://www.cineheroes.net/critique-m-peabody-sherman-les-voyages-dans-le-temps-de-rob-minkoff-2014