Au même titre que boire son propre sang suite à un coup dans les dents, ou bien concourir au plus gros mangeur de quenelles en moins d'une minute, Ma nuit chez Maud fait partie de ces activités réjouissantes mais à la limite du dégueulasse.
Les activités réjouissantes, mais à la limite du dégueulasse procurent des sensations variables, dont une forme de plaisir animal, une certaine fascination, un peu de hargne et pas mal de hauts-le-coeur vers la fin.

A l'évidence, les quarante-cinq premières minutes du film ne présageaient pas d'un si bon sort, puisque leur vanité n'avait d'égale que leur suffisance. J'attribuai d'abord ce dédain à mon mauvais goût réputé, ou bien à une légère sous-estimation de mes capacités intellectuelles, mais non : on me méprise bien en toute affection (en prime via une horripilante voix off). C'est bien noté.

A deux doigts d'une chute sans fin dans le gouffre de l'ennui, le film épouse pourtant un tournant inattendu, dès la nuit tombée. C'est là qu'il s'extraie du rien, et prend une saveur hypnotique largement nourrie par la grâce des deux acteurs. L'incroyable beauté des plans, le charme en suspension des dialogues font de cette phase centrale un moment envoûtant.

Mais voilà, il fallait que la morale nécessaire exhibe une jeune créature infâme aux yeux de bichon. Censée incarner la désillusion, elle m'a surtout violemment agacée, en plus de me laisser franchement incrédule (= fameuse sensation d'indigestion). Amis de la javel et du beurre doux (à moins de le consommer tout cru), s'abstenir.

PS : L'intellectualisme comme prétexte d'adoration à tout bout de phrase, bof-bof.
goldie
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le 27 déc. 2010

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