Je méconnais le cinéma de Costa-Gavras, ayant simplement vu « Z « et « Amen », je savais donc à quoi m’attendre, à savoir de la satire politique qui ne s’embarrasse pas de nuance. Ici, le cinéaste Franco-Grecque signe un film hollywoodien, avec deux grands acteurs que sont Dustin Hoffman et John Travolta. « Mad City » résonne comme une anomalie dans le cinéma américain des années 90, tel un virus - seul au milieu d’un cinéma très lisse et très consensuel – le réalisateur cible la presse. Si, à l’époque, les réseaux sociaux étaient inexistants, le cynisme battait déjà son plein… Reste à savoir si ce virus est efficient.


J’ai eu beaucoup de mal à regarder le film en restant attentif et alerte, principalement à cause du personnage interprété par John Travolta, ce pauvre Sam, un employé s’étant fait virer de son boulot et prenant en otage – presque malgré lui – deux employées d’un musée et une classe de jeunes enfants. Le dilemme de Costa-Gavras dans « Mad City » est un peu similaire à celui du journaliste que campe à merveille Dustin Hoffman : comment rendre le pauvre employé sympathique aux yeux des spectateurs, malgré des circonstances aggravantes ? Pour ce faire, il a pris la solution la moins contraignante et la plus gênante, faire du personnage de Sam un simplet à la limite du retard mental. Que ce soit dans l’attitude ou dans la réflexion, le type est un véritable danger pour l’intelligence. Forcément, le spectateur moyen va conclure que Sam est juste un pauvre gars (cas social ?), tellement con qu’il en devient attachant. Alors, je comprends que la cible principale du cinéaste est le traitement médiatique, mais pour un monsieur connu pour son engagement social et politique, faire du smicard un abruti est quelque peu gênant. Par ailleurs, il offre au journaliste une quête rédemptrice, en plus de lui accoler l’intelligence et le paternalisme. Enfin, l’intelligence dans le paternalisme, devrais-je dire.


En définitive, si l’intention est visible, le résultat n’est pas à la hauteur de la prétention. Le manichéisme bien connu de Costa se retourne contre lui. J’ai fini le film en ayant plus de sympathie pour le journaliste que pour ce pauvre Sam, malgré sa tragique fin.

BaronDuBis
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le 4 nov. 2023

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