Je n’y crois pas du tout – j’y crois – je n’y crois pas – je n’y crois pas du tout – J’y crois …

L’intrigue est plus que légère. Un illusionniste réputé, à la demande d’un collègue déboussolé, doit démonter les prouesses (ou les impostures) paranormales d’une voyante-médium qui se joue du monde entier. Mais au bout du compte qui mystifiera qui ?

Il s’agit d’un petit film, un marivaudage avec des dialogues très (trop) travaillés, presque une pièce de théâtre. Certaines scènes peuvent sembler longues, souvent répétitives mais aussi très réussies, comme les deux twists ou la grande scène du bal, qui s’achève en apothéose avec les éclats de goujaterie du grand maître en illusionnisme.

On retrouve aussi les thèmes chers à Woody Allen, la magie et l’illusion, si aisément transposable au cinéma où l’on peut même faire revivre les morts (on se souvient de Scoop), l’affrontement entre rationnalisme et croyance (mais on n’est pas dans Stalker) ou encore le dilemme existentiel et très allenien des amours (avec mille atermoiements) entre un homme mûr et une femme très jeune.

La réalisation est très soignée : belle interprétation de Colin Firth, très à l’aise, qualité des décors, des costumes et des choix musicaux – même si la photographie confiée à Darius khondji tend à abuser des filtres jaunes.

Sur GERARD MAJAX

Prestidigitateur réputé, consacré par la télévision des années 60 aux années 80, il a aussi créé une association internationale (le Défi zététique) dont le but était de démystifier toutes les impostures proposées aux quatre coins du monde au nom du paranormal. De fait il n’est aucune tentative de ce type qui ait résisté à l’examen de Gérard Majax. Parmi ses plus grands exploits, le démontage de tous les "tours" du pseudo médium Uri Geller. Majax procédait le plus souvent en réalisant à son tour, parfois en mieux, les « exploits » du mage, en précisant toujours qu’il « y a un truc », mais évidemment sans jamais expliquer. Au plan individuel, Majax était très différent de Garcimore – par sa suffisance, sa morgue constamment affichée. Si l’on ajoute à cela que Majax évoquait souvent le détournement d’attention, ou la présence d’un complice pour rendre compte de l’imposture – on peut quasiment être sûr que son personnage a inspiré celui de Stanley / Colin Firth.

Ici le dilemme trouve à se résoudre dans une troisième donnée, sans aucune prise pour tous les Majax, et qui va évidemment emporter l’illusionniste, ses certitudes et sa vanité : la magie de la vie et de l’amour. Conclusion très naïve assurément, pour une fable, un Woody Allen mineur et sans doute paresseux – mais attachant au bout du compte.
pphf

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