Le titre du film c’est le nom du chien quand même.

Pour la petite anecdote, je devais voir à la base Retour à Cold Mountain. Cependant vu l’incroyable manque d’impact de l’explosion au début du film, je m’imaginais donc mal visionner plus de deux heures de film de cet acabit. Je me rabats donc sur Malavita de Besson car c’est le seul film qui n’a pas commencé sur le programme TV et il faut bien que je finisse de visionner la filmographie de ce bon vieux Luc. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le début du film m’a surpris dans le bon sens du terme. La première scène, montre l’assassinat d’une famille par un tueur à gage sans pitié et bénéficie d’une photographie lumineuse et agréable à l’œil. L’arrivé du tueur bien qu’assez kitch avec son ralenti derrière un rideau de fumée, reste sympathique à regarder.


La deuxième scène est beaucoup plus subtile en revanche. Une voiture arrive dans la nuit noir avec à son bord une famille. Pour montrer l’absence d’unité au sein de cette fratrie et le malaise ambiant qui règne, Besson effectue des cuts rapide sur chaque membre de la famille sans les réunir dans le cadre. Une idée astucieuse qui plante irrémédiablement la situation de nos héros. Malheureusement, le tout s’effondre assez vite et ce pour divers raison. Tout d’abord, la réalisation de Besson est vraiment irritante à suivre à cause de cut intempestif qui empêche toute immersion dans la psychologie des personnages. Besson ne veut pas de temps mort et tente d’enchaîner les blagues sur les différences culturels lourde et stéréotypé à l’extrême.


Bien que ses blagues peu amusantes nuisent à la qualité du long métrage, le gros problème du film n’est pas là. En effet, j’ai eu l’impression de voir pendant les deux tiers du film du background. Vous savez le premier acte d’un film ou on vous présente l’univers du film. Imaginez que dans Star Wars IV, l’oncle et la tante de Luke Skywalker décède au bout d’une heure trente de métrage et qu’avant cela on voit Luke discuter avec son pote Benji le mécanicien ou discuter avec sa tante sur comment faire des crêpes Francine (oui j’écris cette critique le jour de la chandeleur). Dans Malavita, le problème principal de la famille et de se planquer en France pour éviter les représailles d’un groupe qu’ils ont trahi et vendu à la police pour éviter la prison.


Cependant, durant les trois quarts du film on suit la fille qui veut se farcir le prof de math, le père qui veut écrire ses mémoires, la mère qui ne fait rien et le fils qui manipule ses petits camarades de classe pour se faire une place de choix dans son école. Le problème c’est que cela ne fonctionne pas même en envisageant les diverses possibilités que Besson voulait explorer. Dans le cas ou Besson voulait en faire une comédie sans prétention, il échoue car ses personnages ne sont pas creusés. On peut résumer ses personnages en une phrase : le père impulsif qui veut écrire ses mémoires pour laisser son empreinte dans ce mode, la mère névrosée (quel personnage mal écrit), le fils calculateur qui se sert des autres pour arriver à ses desseins et la fille candide pétillante un peu impulsif et qui cherche le grand amour.


Ce dernier personnage est d’ailleurs le mieux écrit des quatre avec la quête personnel la plus approfondi du scénario qui est je le rappel se taper le prof de math dans un film ou l’ouverture c’était un tueur à gage qui exécute une famille. Faire une comédie totalement débile me gêne pas mais dans ce cas la, tu y vas à fond et tu fais évoluer tes personnages aussi bien psychologiquement qu’en renouvelant tes scènes comique pour avancer de manière fluide. The girl next door avec Emile Hirsch fonctionnait dans ce sens et le scénario c’est un gars qui veut se taper sa voisine qui est star du X. Une deuxième idée qu’aurait pu utiliser Besson est d’utiliser ce procédé pour montrer une famille qui bien que mafieuse, a des préoccupations normal mais qu’en réalité un événement dramatique peut surgir à tout moment. Une impression de fatalité qui peut frapper à chaque instant et que certains films on bien exploité comme Elephant de Gus Van Sant, Lost Paradise de Andrea di Stefano ou encore plus récemment dans Prémonition de Afonso Poyart.


Cependant, on ne ressent aucune tension dans le film car on a l’impression que les antagonistes n’avancent pas dans leurs quêtes et cela est toujours traité sur le ton de la comédie. Besson voulait donc faire une comédie sans prétention donc sans ambition artistique mais échoue dans ce domaine à force d’étirer son premier acte, de ne mettre aucun enjeu dans son histoire, de ne pas développer ses personnages et surtout de ne pas renouveler ses éléments comique déjà lourds à la base. Certes je m’acharne mais la réalisation à ses quelques fulgurances comme une scène sympathique après le barbecue ou il utilise un travelling rotatif pour commencer la discussion de la mère et de la fille qui reparte dans la maison avant de récupérer Robert de Niro et Tommy Lee Jones qui eux sorte de la maison pour se diriger vers le portail du jardin. Bien que cela soit très rare, les cuts rapide sont parfois utilisés à bon escient comme la scène ou l’on voit le Warren Blake devenir petit à petit le roi de l’école en usant de divers stratagèmes.


La scène est ponctuée de quelques scènes rapide et dynamique qui renforcent le côté calculateur du personnage et ses cuts rapide permettent de mettre en avant cela vu qu’on le voit soudoyer des personnes dans un temps très réduit. Cependant jusqu’au climax, le film ressemble plus à un affreux naufrage qu’autre chose. Cependant au trois quart du film, Besson prends conscience qu’il ne faut pas trop prendre le public pour un con et qu’il faut rehausser un peu le tout. Enfin une ou deux scènes de tension agrémentée d’une réalisation moins poussif qui joue habilement avec des plans alternés de plus en plus court pour observer la progression des divers protagonistes et faire monter la tension. Il est cependant regrettable que la fin du film tente de nous montrer une famille uni alors que Besson réalise exactement les mêmes plans qu’en début du film ou on observait une famille désuni à la base. On peut aussi regretter dans cette partie l’absence total de menace que représente ses mafieux puisque Besson ringardise totalement leurs arrivées en ville en utilisant en soundtrack Gorillaz.


Une musique appropriée pour l’arriver d’un groupe de J pop à Bercy mais pas pour l’arriver de la mafia. Pourtant la scène commençait bien avec l’arrivée du train en arrière plan en flou comme pour montrer l’arrivée d’une menace encore indéchiffrable mais qui va prendre forme. Cette scène marque cependant le tournant du film car l’heure n’est plus à la blague de bas étage mais bien à l’arrivée d’une menace réel enfin (le lien de la scène : https://www.youtube.com/watch?v=deY4D1pzNFg)


On peut alors se demander pourquoi cette dernière partie même si elle est loin d’être incroyable n’est pas de cet acabit tout au long du film ? Je dirai qu’en fait ce n’est pas une prise de conscience de Besson c’est juste qu’il nous emmerde et montre que le cinéma à la Léon qu’il réalisait à l’époque ne l’intéresse plus. Ce qu’il veut c’est faire un truc beauf à l’américaine. Preuve en est, une phrase de Warren Blake qui dit que les gens n’attendent pas d’eux un plat raffiné à la française pour le barbecue, mais un truc bien gras dégoulinant et consommable pour tous. Cette phrase résume tout le film. En effet, Besson abandonne toute subtilité et construction de scénario pour enchaîner des scènes peu drôle mais qui satisfera le plus grand nombre. Ces derniers ne se poseront d’ailleurs pas la question de la psychologie du personnage avec les cuts rapide.


Au final, avec tous ses éléments on peut dire que Besson n’a pas perdu de son talent. En effet il veut juste faire des films accessibles à tous ou on se fout de notre gueule mais pas trop non plus pour se faire un maximum de fric. Car malgré tout les défauts évoqué, on peut dire que Besson gère bien le rythme car on ne s’ennui pas même si l’impression qu’on avance jamais dans le scénario est présent.
Terminons par les acteurs et la BO (ou soundtrack à vous de voir). Le premier élément est étrangement assez hétérogène et dépend en grande partie des personnages joués plutôt que la performance des comédiens.


Ainsi j’apprécie la composition de Tommy Lee Jones très sobre et sans fioriture. J’aime également la prestation de Dianna Agron qui insuffle un côté pétillant et naïf à son personnage alors qu’on aurait pu tomber facilement sur la bombasse fille facile. Robert de Niro est également sympathique dans son rôle malgré un registre assez limité. Cela reste tout de même de Niro et le gars n’est jamais mauvais même si globalement il reste en dessous de ses deux comparses. Je suis déjà plus nuancé pour John d’Leo qui reste un peu trop monolithique. Bien sûr c’est le personnage qui veut cela mais aucun attachement n’est vraiment possible et il reste globalement transparent. Pour Michelle Pfeiffer c’est le naufrage en grande partie dû à son personnage qui n’a aucune psychologie hormis une crise d’hystérie de temps en temps. Un personnage à oublier pour l’actrice. La soundtrack reste assez mauvaise avec aucune composition originale et des choix parfois très douteux.


En bref malgré une fin qui relève un peu le niveau, le film reste très bancal et c’était la volonté de Besson de le rendre ainsi. Alors en avait t’il rien à faire ou l’a-t-il fait dans cette optique ? Mystère. En revanche le titre résume bien le film. Besson s’en fout tellement de ses personnages que le titre représente le nom du chien.

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le 5 févr. 2016

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