Malveillance est un habile détournement de genre. Prenez un classique film de stalker, inversez le point de vue et vous voilà dans la peau de César, un gardien d'immeuble efficace et disponible. Toujours prêt à aider, César a pour seul défaut la manie obsessionnelle de fourrer son nez dans les affaires des autres, et ponctuellement fourrer ses jolies locataires.


Ce simple changement de point de vue s'avère être un coup de génie, servi par une très bonne exécution. Derrière la caméra : Jaume Balagueró, auteur de quelques chefs-d'œuvre et quelques nanars, si bien qu'on ne sait jamais vraiment sur quoi on va tomber.


César est interprété par Luis Tosar qui offre une performance incroyable dans un rôle fondamentalement haïssable auquel il parvient à donner un visage humain et presque attachant, suscitant de l'empathie pour un personnage qui n'en mérite certainement aucune.

On se retrouve ainsi à l'encourager dans ses méfaits, grâce au cynisme réjouissant du personnage et une petite dose d'humour noir pour s'assurer que le film ne tombe jamais dans le glauque.


Grâce à des scènes d'exposition intrigantes et avares en détails, le script entretient un certain mystère pendant son introduction, avant de dévoiler peu à peu ses cartes et révéler les motivations de son protagoniste. Ce faisant, il introduit une petite galerie de locataires dont on suivra avec plaisir les mésaventures alors que César se plait à leur pourrir l'existence.


Bien rythmé, bien écrit et mise en scène avec élégance, Malveillance s'offre des scènes très tendues, des moments de comédie et même une scène de cache-cache Vaudevillesque dans l'appartement d'une voisine, où on se surprend à retenir son souffle en espérant que cette pourriture de César ne se fera pas prendre.


[SPOILER]

Et la vraie bonne surprise, c'est que le film assume son amoralité jusqu'au bout, alors qu'une version américaine aurait sûrement eu une fin très différente. Ici, au contraire, on assiste au triomphe de César qui va réellement au bout de son délire et a droit à un beau happy end, au grand dam de sa victime.

Ezhaac
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le 10 févr. 2023

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