Le Temps t'Accule à l'Ennuie

Mammalia est un film réalisé par le roumain Sebastian Mihailescu et c'est ce que l'on appelle pour l'amateur biberonné aux circonvolutions du septième art une proposition artistique radicale et exigeante ou de manière plus concise et direct un film sacrément chiant. Cette production entre Allemagne Pologne et Roumanie sera présenté au festival de Berlin en 2023 pour finalement atterrir dans l'anonymat sur le site de streaming Freaks On chez nous, soit une belle trajectoire de la loose.

Le film étant à peu près aussi facile à comprendre qu'une notice IKEA en pakistanais je me contenterai de vaguement résumer ce que j'en ai compris avec l'histoire d'un type qui se travesti et part récupérer sa copine embrigadée dans une sorte de secte vouant un culte à la fertilité et à la nature.

Mammalia est un film quasiment presque entièrement composé de longs plans fixes et quand je dis long, c'est vraiment très long d'autant plus que parfois il ne s'y passe strictement rien. A un moment j'ai même cru que j'avais par inadvertance poser mon fessier et appuyer sur le bouton pause de ma télécommande (l'arrêt du cul classique) et le pire c'est que ce n'est même pas une vanne. En tout cas si le film dure 90 minutes, en temps ressenti on est carrément plus proche de trois jours et demi par temps de pluie. Par moment le film se pare tout de même d'un humour un peu absurde avec des personnages qui font des choses étranges au second plan ou d'autres qui rentrent dans le champ en faisant des trucs bizarres, mais le plus souvent on reste juste en plan fixe avec très peu de choses à voir, comprendre ou ressentir. Je pourrais par exemple citer ce type accroché avec un cintre dans son armoire et que l'on regarde jusqu'à temps qu'il tombe.... Bon de temps en temps on aura droit à un très lent zoom avant histoire de rappeler que le cadreur est toujours vivant mais le plus souvent Sebastian Mihailescu joue simplement de la rigueur de son cadre et de l'extrême, extrême pesanteur de son rythme. Par moment et par son procédé le film fait un tout petit peu penser au cinéma de Roy Anderson mais sans la poésie, l'étrangeté , l'humour absurde, la mélancolie et bien sûr l'originalité du réalisateur de Chanson du Deuxième Étage. Si encore on pouvait se raccrocher à un semblant d'histoire et de narration on trouverait une bouée de sauvetage pour surnager dans la morosité de l'ennui, mais Mammalia se contente d'un symbolise assez imbitable sur la fertilité, le zizi et la maternité …

Toutefois si vous restez relativement éveillé jusqu'au bout vous aurez tout de même droit à quelques belles images venant délicieusement flirter avec l'ambiance du meilleur de la folk horror, juste histoire de vous récompenser de votre courageuse obstination.

Bizarrement alors que le cinéma tout aussi radicale de Roy Anderson me fascine complètement, le film de Sebastian Mihailescu m'emmerde assez profondément. Je suis peut être passé à côté d'un truc ? Dès que j'ai trois jours devant moi j'avale quatre cafetière et je retente le supplice, ou pas ??