Is it safe ?

En préambule, il me faut dire que j'ai découvert John Schlesinger à travers "Marathon Man" que j'avais vu en salle à sa sortie. J'avais tellement été bluffé par le film que j'ai voulu approfondir la filmographie du cinéaste et ai dû voir 6 ou 7 films. La plupart du temps, j'en suis ressorti déçu ou pas convaincu.

Marathon man … C'est un film d'espionnage typique des années 70. Une intrigue tortueuse et paranoïaque indispensable. Parfois, on a le fin mot de l'histoire. Parfois pas et on ressort de ce genre de film avec plein de questions rétrospectives qui ne trouveront jamais de réponse. Ici, c'est un peu le cas. On croit comprendre puis le cinéaste brouille les cartes ; finalement, ce n'était pas ça.

Il faut bien se dire qu'en 1976, les films n'étaient pas faits pour être vus en DVD. D'ailleurs ce concept n'existait pas du tout. Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai découvert, en mettant un film au ralenti par exemple, que l'extrait de journal montré dans le film est complètement bidon avec juste le gros titre qui est pertinent …

Dans un thriller où l'action est très dynamique, le spectateur, au cinéma, subit les images et n'a pas le temps de s'appesantir sur les détails et la vraisemblance du scénario et, comme on dit, gobe le poisson avec les arêtes.

Bon, il y a aussi une autre façon de raisonner, plus positive. Pour que la mayonnaise du film prenne auprès du spectateur lambda, il est impératif que le cinéaste se mette à sa portée. Je veux dire que l'intrigue est tortueuse car le héros, qui est une personne de la vie courante, doit être victime d'une avalanche d'évènements qu'il subit sans en comprendre les tenants et aboutissants. Comme si des forces supérieures et occultes qu'il ne peut maitriser, le manipulaient.

Dans Marathon Man, si on veut s'amuser à faire la liste des questionnements qui n'ont pas de réponse ou des invraisemblances, on n'a pas fini.

Mais, pour ce qui me concerne, j'accepte de jouer le jeu du cinéaste et ferai partie des spectateurs prêts à avaler le poisson cru avec la tête et les arêtes.

D'abord, parce que le sujet me plait. Un ancien nazi – on pense à Mengele – qui sort de sa retraite dorée en Uruguay, poussé par le besoin vital de trouver de la ressource et qui se trouve face à son destin trente ans après. C'est pas mal (l'adrénaline de la vengeance, quoi). Un salopard qui retrouve ses bons réflexes du temps des camps d'extermination, c'est le frisson garanti. On attend furieusement le dénouement de cette partie. Le jeune étudiant qui ne s'intéresse qu'à ses études et au marathon, eh bien, c'est le spectateur qui se trouve mêlé à une affaire qui le dépasse où il ne voit que les gens se faire tuer ou trahir.

Et puis, le casting très goûteux : Dustin Hoffman en jeune candide timide, tendance bohême, mis face à la vraie vie et qui croit rencontrer l'amour, en la personne de Marthe Keller. À l'opposé, un très rigide et glaçant Laurence Olivier, dans le personnage du nazi qui a conservé toute sa morgue et qui doit désormais se prendre en main. Puis, en second rôle, Roy Scheider dans le rôle du frère ainé de Dustin Hoffman et dont on ne sait finalement rien sur ses propres motivations.

La mise en scène très travaillée que ce soit à Paris, en Uruguay ou à New York ainsi que le montage du film en thriller sont d'une rare efficacité.

Pour finir, je ne sais pas trop qui a le plus vieilli de moi ou du film ? Certainement, j'aurais probablement mis au moins 8 il y a trente ans. Aujourd'hui, je vais me contenter d'un 7 car au bout de multiples visionnages, les grosses ficelles finissent par devenir un peu trop voyantes. Mais ça reste quand même un bon film …