Insolente, imprévisible, curieuse, têtue : telle est Mariana, l'héroïne du film éponyme (Los perros, en V.O) de la chilienne Marcela Said, son deuxième long-métrage après L'été des poissons-volants. Au-delà du personnage central de Mariana, la réalisatrice montre que la société patriarcale et machiste domine toujours au Chili et que s'y faire une place en tant que femme n'est pas plus facile sous prétexte que l'on appartient à la haute bourgeoisie (mais au moins, on a l'argent pour essayer de s'émanciper). Le film est aussi et peut-être surtout une étude sur la population qui a collaboré avec la dictature, pendant 17 ans. Pas des bourreaux, non, mais de simples civils, des patrons d'industrie ou des financiers. Le film, un peu raide dans sa mise en scène et pas vraiment fluide dans sa narration, joue avec les ambigüités du regard d'une grande partie de la population chilienne vis à vis de ces années de plomb. Mais il ne s'agit pas pour Marcela Said de livrer une oeuvre politiquement correcte, bien au contraire. Pas de vrais "méchants" dans le film mais des personnalités nuancées à l'image de Mariana qui si elle s'intéresse à ce qu'ont fait dans le passé les hommes qu'elle côtoie, elle les juge d'abord au présent, d'après les qualités humaines qu'elle ressent. Ce qui rend le long-métrage troublant et un brin inconfortable. Tant mieux.