Insolente, imprévisible, curieuse, têtue : telle est Mariana, l'héroïne du film éponyme (Los perros, en V.O) de la chilienne Marcela Said, son deuxième long-métrage après L'été des poissons-volants. Au-delà du personnage central de Mariana, la réalisatrice montre que la société patriarcale et machiste domine toujours au Chili et que s'y faire une place en tant que femme n'est pas plus facile sous prétexte que l'on appartient à la haute bourgeoisie (mais au moins, on a l'argent pour essayer de s'émanciper). Le film est aussi et peut-être surtout une étude sur la population qui a collaboré avec la dictature, pendant 17 ans. Pas des bourreaux, non, mais de simples civils, des patrons d'industrie ou des financiers. Le film, un peu raide dans sa mise en scène et pas vraiment fluide dans sa narration, joue avec les ambigüités du regard d'une grande partie de la population chilienne vis à vis de ces années de plomb. Mais il ne s'agit pas pour Marcela Said de livrer une oeuvre politiquement correcte, bien au contraire. Pas de vrais "méchants" dans le film mais des personnalités nuancées à l'image de Mariana qui si elle s'intéresse à ce qu'ont fait dans le passé les hommes qu'elle côtoie, elle les juge d'abord au présent, d'après les qualités humaines qu'elle ressent. Ce qui rend le long-métrage troublant et un brin inconfortable. Tant mieux.

Cinephile-doux
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Au fil(m) de 2017 ...

Créée

le 7 nov. 2017

Critique lue 866 fois

5 j'aime

Cinéphile doux

Écrit par

Critique lue 866 fois

5

D'autres avis sur Mariana

Mariana
seb2046
6

Mariana face aux fantômes...

MARIANA (12,8) (Marcela Said, CHIL, 2017, 94min) : Troublant thriller psychologique auscultant l'émancipation d'une femme en dehors du carcan bourgeois et les fantômes politiques de la dictature...

le 15 déc. 2017

3 j'aime

1

Mariana
WesleyBodin
7

Deux poids, deux mesures

[...] A travers ce personnage, Marcela Said nous montre un Chili qui condamne ses militaires, qui a un besoin, une soif de justice et qui n’hésite pas à juger les soldats qui avaient pris le pouvoir...

le 29 nov. 2017

2 j'aime

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 27 mai 2022

76 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

76 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

70 j'aime

13