Marina, la Petite Sirène
7.4
Marina, la Petite Sirène

Long-métrage d'animation de Tomoharu Katsumata et Tim Reid (1975)

Également connu sous le titre Marina la petite sirène, ce film d’animation japonais adapte avec une certaine fidélité le conte de Hans Christian Andersen, treize ans avant la sortie de la version des studios Disney.


Je me souviens trés bien de ce film, car je possédais la VHS quand j'étais enfant, et c'était aussi l'un des premiers anime que je voyais de ma vie (avant même je crois Dragon Ball et autres Sailor Moon...). Je me rappelle que la technique de l'animation japonaise m'avait marqué (même si j'ignorais encore que c'était japonais), surtout la définition de la sorcière. Aujourd'hui que je revois le film je me demande comment je n'ai pas pu voir à cette époque à quel point le film était mauvais.


L’histoire reste très fidèle au conte d’origine, jusque dans ses détails les plus déprimants. Le scénario brille par sa tristesse ambiante et sa mélancolie. Il est étonnant de constater que les quelques libertés qui ont été prises par rapport à la version d’Andersen se retrouvent également dans le classique Disney (c’est à se demander si ce dernier ne se serait pas un petit peu inspiré de cette version japonaise, on pense notamment au fait que la sirène doive se défaire de sa voix pour espérer devenir humaine).


Malheureusement, le film est typique de ce qui se fait de pire dans l’animation japonaise. Il n’est pas très abouti et accuse une avalanche de défauts. Le scénario est simple, mais bourré d’incohérences, de détails saugrenus et d’approximations. Les animaux se mettent à parler sans que l’on s’y attende. Certaines intrigues secondaires (comme celle du chat qui traque la petite sirène, pour une raison insoupçonnée, sinon le fait qu'elle vienne de la mer) ne sont tout simplement jamais bouclées (on ne sait pas ce que devient ce fameux chat). Certains personnages s’invitent au programme sans que l’on comprenne ce qu’ils font là (le méchant duc, par exemple). Les héros ne prennent jamais leur revanche sur la sorcière, qui s'inscrit pourtant comme la grande antagoniste du film. Un sentiment d'inachevé nous gâche notre plaisir. Les personnages sont fades et ils ne s’expriment qu’avec des émotions de façade. L’intensité dramatique se veut grandiloquente, mais la pauvreté de la production ruine toutes ambitions.


Le doublage français est pathétique. On aura rarement vu un travail aussi risible. Les voix sont singées. Les acteurs ne font aucun effort pour être crédibles. Les dialogues sont d’une naïveté déconcertante. Certaines répliques et certains mots sont répétés en boucle par les personnages (comme l’adjectif vilain). C’est bien simple, on dirait que les dialogues français ont été écrits par des enfants de huit ans.


L’animation n’est clairement pas satisfaisante. Les animateurs abusent des boucles de mouvement de manière grossière, et certains plans statiques font l’économie de dessins avec trop peu de subtilité. D'une manière plus large, les séquences sont décousues, et on a l’impression que quelques plans ne se trouvent pas à leur place d’origine (on se demande si le montage du film n’a pas été retouché dans sa version occidentale tellement l’action est incohérente par moment). Les dessins sont élémentaires, les mouvements manquent d’harmonie. Le bilan technique est franchement laborieux.


Le film aurait pu être très satisfaisant avec un peu plus d’ambitions techniques. Si l’intention de cette adaptation apparaît dans un premier temps honorable en raison de son ton grave et son ambiance particulièrement mélancolique, ainsi que son dénouement audacieux, respectueux de l’atmosphère du conte original, l’animation médiocre ôte de manière radicale tout son intérêt au spectacle.


www.cineanimation.fr


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le 6 août 2022

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Casse-Bonbon

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