J'avoue avoir mis un moment avant de regarder ce film car je craignais le crime de lèse-majesté ; pour moi, la trilogie marseillaise fait partie de mon Graal cinématographique, avec les excellents Marius, Pierre Fresnay, Charpin, et l'ambiance inimitable créée par Pagnol.

Quatre-vingt ans plus tard, et fort du succès de La fille du puisatier, déjà réalisé par Pagnol, Daniel Auteuil s'attaque à un gros morceau avec cette trilogie marseillaise réalisée dans les années 2010. Il est vrai qu'après son rôle inoubliable dans le diptyque Jean De Florette/Manon des sources et l'adoubement de la veuve Pagnol, il est le seul de par ses origines et sa carrière à retranscrire comme il faut ce phrasé si chantant (et qui est le mien).

Avec, pour commencer, Marius ; tout d'abord, il faut reconnaitre que, à un seul plan près, l'histoire est totalement identique au film d'Alexander Korda et aux textes de Pagnol. A un seul moment près, on ne sort jamais du vieux port, et il y a les passages obligés comme la partie de cartes ou le fameux verre rempli aux quatre-tiers.
Daniel Auteuil joue le rôle de César, et il est encore une fois formidable, car il a la faconde et la bonhommie qu'avait Raimu avec ses "bonne mère". Quant au rôle-titre, il est occupé par Raphael Personnaz, et si il dénote un peu avec Pierre Fresnais (il a une beauté qui ne sied pas aux années 30, date de l'histoire), il est aussi très bien. Quant à Fanny, c'est Victoire Bélézy (que j'avais aperçu dans Plus belle la vie !) et, là, il faut dire qu'elle est bien meilleure que ne le fut Orane Demazis, plus naturelle dans le jeu.
Quant à Panisse, c'est Jean-Pierre Darroussin, qui apparait assez peu, et Marie-Anne Chazel incarne Honorine, la mère de Fanny.

Quatre-vingt après, il est étonnant de constater que l'histoire (une mère veut faire épouser de force sa fille à un homme plus âgé qu'elle pour avoir sa dot) est fortement actuel, avec les complications que l'amour apporte. J'en serais gré à Daniel Auteuil de ne pas cannibaliser le film, laissant surtout la place aux deux jeunes. Quant à l'accent, étant donné que la plupart des acteurs ne sont pas du Sud, il passe assez bien et ne sonne pas de manière caricaturale.

Même si je connaissais déjà l'histoire, qui je le répète est strictement identique, je me suis laissé encore porter par le dialogue de Pagnol, par l'humanité des personnages, et par le déchirement de Marius qui est partagé entre le fait de prendre le bateau pour vivre ailleurs ou rester vivre son amour avec Fanny. D'ailleurs, le film se finit de la même façon...
Boubakar
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le 17 août 2014

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