Il fut un temps où l'on pouvait concilier divertissement et qualité. J'insiste : divertissement ET qualité. Ce qui aujourd'hui sonne comme un oxymore, trouve son plus bel accomplissement dans cette adaptation cinématographique de l'histoire de Mary Poppins, gouvernante idéale (du moins pour les enfants), plus par la magie de ses tours et son imagination que par sa distinction (tout effrontée, l'air de rien) et son autorité (naturelle, car basée sur l'intérêt qu'elle porte aux enfants). Le studio Disney réussit la prouesse de mêler prises de vue réelles et animées, sans qu'aucun effet spécial (et Dieu sait qu'il y en a dans ce film) ne soit disgracieux. En fait c'est bien simple, dans ce long métrage, tout est réussi. Les acteurs sont exceptionnels, Julie Andrews et Dick Van Dyke en tête, les séquences animées sont poétiques et drôles à souhait, les numéros de comédie musicale sont entraînants et imaginatifs, bref, nous avons là l'une des toutes meilleures réalisations Disney. Certains passages sont de véritables moments d'anthologie : le rangement de la chambre des enfants, la partie animée (extraordinaire), ou encore le passage sur les toits. Et les seconds rôles ne sont pas en reste, des banquiers affairés et ennuyeux au capitaine de navire, en passant par la mère suffragette et le père totalement pris par son métier. Finalement, « Mary Poppins » est une fable sur l'enfance et le rôle des parents : Mary ne fait que redonner aux parents Banks (surtout le mari) le goût de la vie et de l'imagination, et plus encore, le goût des autres, le goût de ses propres enfants. Une frontière semblait s'être établie entre le monde fantastique des enfants et celui morne et triste du père, rationnel et besogneux : ils ne savaient plus se parler, le nombre de gouvernantes ayant échoué à les élever en faisant foi. L'arrivée de Mary Poppins vient renouer les liens, et les univers se rejoignent alors : les enfants investissent la banque et la font littéralement sauter, et le père retombe en enfance. Car c'est elle qui a le dernier mot : l'enfance, cet âge merveilleux où tout est possible...

Créée

le 29 déc. 2014

Critique lue 472 fois

6 j'aime

3 commentaires

Arthur Debussy

Écrit par

Critique lue 472 fois

6
3

D'autres avis sur Mary Poppins

Mary Poppins
Samu-L
9

Moi j'aime ce que je fais parce que je fais que ce que j'aime

Il y a des gens qui sont devenu des rebelles anticapitalistes à cause de Marx, ou de Proudhon. Pour ma part, tout est de la faute de Mary Poppins! En effet, vous apprendrez dans ce film que: il vaut...

le 2 mai 2012

103 j'aime

16

Mary Poppins
Gand-Alf
8

Super Nanny.

Bien qu'ayant été élevé aux dessins animés de Walt Disney, je ne peux pas dire que "Mary Poppins" ai enchanté mon enfance. Diffusé quasiment à chaque période de Noël, le film de Robert Stevenson...

le 23 mars 2014

42 j'aime

6

Mary Poppins
Ugly
7

Un petit bonheur d'enfance

Plusieurs générations de spectateurs ont été bercés par ce film en forme de comédie musicale, Tonton Walt avait misé sur le bon cheval avec cette grosse production qui permit de révéler la délicieuse...

Par

le 24 déc. 2018

33 j'aime

2

Du même critique

Mary et la Fleur de la sorcière
ArthurDebussy
4

« Kiki à l'Ecole des Sorciers »

Manifestement, il ne suffit pas de reprendre l'esthétique d'un maître pour l'égaler. C'est ce que les suiveurs et autres académistes apprennent à leurs dépens depuis la nuit des temps en matière...

le 24 févr. 2018

59 j'aime

12

Princesse Mononoké
ArthurDebussy
10

Le passage d'un monde à un autre

« Princesse Mononoké » couronne la carrière d'Hayao Miyazaki par bien des aspects. Peut-être son film le plus riche et le plus complexe, c'est également l'un des plus accomplis formellement,...

le 13 août 2016

36 j'aime

10

Il était une fois dans l'Ouest
ArthurDebussy
9

Western épique et lyrique

Vu une première fois, trop jeune, il y a longtemps, j'étais complètement passé à côté de ce film. Je m'étais dit « tout ça pour ça » ?! Je ne comprenais pas le concert de louanges qui entourait ce...

le 19 août 2020

32 j'aime

20