MATCH POINT OU LA CONFUSION DES SENTIMENTS
De son côté, Chris continue de fréquenter Chloé et voit sa situation professionnelle et sociale se métamorphoser grâce au père fortuné de celle-ci. Il l'épouse au bout de quelques mois. Parallèlement, Tom quitte Nola, car il veut se marier avec une femme du même milieu social. Nola décide alors de repartir pour l'Amérique afin de mettre ses idées en ordre, étant donné son échec anglais personnel et professionnel. Mais un jour, lors d'une exposition, Chris Wilton rencontre Nola, revenue en Angleterre tenter sa chance, et reprend sa liaison avec elle.
Chris vit désormais en permanence dans le mensonge avec Chloé quand, soudain, Nola tombe enceinte. Chris est alors tiraillé entre son amour pour Chloé et sa passion charnelle pour Nola. Il ne parvient pas à être sincère avec sa femme et à lui avouer qu'il désire la quitter pour sa maîtresse. Des sentiments tumultueux se heurtent dans sa tête et perturbent son équilibre et sa raison…
Ce film, qui compte parmi les grandes réussites de Woody Allen, allie les contraires et passe sans transition de la comédie au mélodrame, du policier au thriller dans une démonstration parfaitement maîtrisée de la virtuosité propre au cinéaste new-yorkais. Celui-ci, mieux que quiconque, sait traiter de l’ambiguïté des sentiments et de la morale sans oublier d’instiller, dans les moments les plus sombres de son opus, au cœur même des abimes sentimentaux et sexuels de ses personnages, une bonne dose d’humour et d’ironie mordante. Car quelle est la part qui revient à l’amour et quelle autre à l’arrivisme, quelle part à la sincérité et laquelle à l'ambition ? Nous sommes en pleine confusion des sentiments, dans un match de tous les instants entre les divers protagonistes, mais également à l’intérieur d’eux-mêmes, dans leur âme et conscience ; ainsi les voit-on lober, smasher avec une apparente élégance et une fausseté, une tricherie évidente qui jouent avec les nerfs.
Comme à son habitude, Woody Allen sait diriger ses acteurs de façon à ce qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes et c’est le cas ici où chacun tient son rôle avec infiniment de nuances et de conviction. Nous accordons néanmoins une mention spéciale à Jonathan Rhys Meyers dont c’est probablement le plus beau rôle à l'écran et à Scarlett Johansson, que je n’ai jamais trouvé belle mais qui distille la sensualité propre à son personnage avec autant de finesse que de volupté. Un grand moment.