Meet in Pyongyang est vous avez bien entendu, un film nord-coréen, enfin co-produit par la Chine mais tout de même nord-coréen. Ce qui est étrange avec le cinéma nord-coréen est qu’a chaque fois que j’en parle, on me regarde avec des grands yeux ronds comme si je venais d’apprendre à ces personnes que ça existe aussi, là-bas, en Corée du Nord le cinéma. Ça existe oui, mais il y aurait eu seulement 300 films produit par la Corée du Nord depuis 1949 et son tout premier film My Home Village. La co-production n’est pas quelque chose de complétement inédit en Corée du Nord. Elle a pu co-produire avec des pays tel que l’Italie, le Japon ou l’Union Soviétique. Et une chose est sûre, il faut bien reconnaitre que cet apport de l’étranger se ressent sur le rendu final par rapport a des productions 100% locales qui souvent sont très moyennes. Meet In Pyongyang se déroge pas à cette règle.

Dans ce film nous suivons Wang Xiaonan, une danseuse chinoise qui se rend à Pyongyang pour apprendre auprès d’une danseuse locale. Impulsive et passionnée, Xiaonan est l’exact inverse de la danseuse nord-coréenne. Elle représente le rôle de la fille individualiste, mais après avoir passé dix jours dans la capitale nord-coréenne à observer la magistrale Yinshun, et malgré le fait que la communication entre les deux sera au début pour le moins difficile, elles trouveront dans la danse et dans les circonstances de la vie le moyen de s’apprécier. Xiaonan apprend que sa danse n’appartient pas seulement à elle-même mais que la vraie danseuse se fond dans le groupe. Ou, comme le dit W.B. Yeats, « Qui peut distinguer le danseur de la danse ? ».

Sur un plan visuel, on retrouve de belle photographie aux couleurs chatoyantes, des plans aériens flatteurs. En fait, tout est fait pour sublimer le charme fascinant de la ville. Ce visuel plaisant est au service d’une intrigue qui parvient à être touchante sans tomber dans l’apologie aveugle du régime. Bien sûr, les notions de dévouement et de sacrifice sont comme toujours présentes, mais distillées ici avec plus de parcimonie et de subtilité qu’à l’habitude. Le message, sans la surdose idéologique généralement associée, passe nettement mieux. Les acteurs chinois apportent en outre une énergie et un naturel qui manquent trop souvent aux productions purement nord-coréennes.

Le film offre également de nombreux aperçus de Pyongyang telle une ville moderne sur une rivière, dont la gloire réside dans des structures massives en béton comme le stade du 1er mai, plutôt que les gratte-ciels du Sud. Les vastes places publiques et les fontaines de la ville cèdent la place à une brève journée dans la campagne bucolique, où tout le monde s’habille pour la danse folklorique. Il va sans dire qu’il n’y a aucun signe de pauvreté ou de difficultés nulle part.

Dernier atout de poids pour Meet in Pyongyang : le grand festival Ariang. Le spectacle d’une heure trente voit des milliers de participants agir en parfaite coordination pour créer des vignettes racontant la création de la République démocratique et ses « nombreuses » réussites accompagné de centaine de danseurs. L’impact visuel est à la fois percutant et emblématique de la manière dont le régime tend à résoudre les problèmes : par les mouvements de masse et une large dose d’idéologie. Les réalisateurs n’ont qu'a faire des plans larges et fixes qui suffisent pour mettre en valeur la démesure du spectacle. Si l’on parvient à mettre de côté l’aspect idéologique de l’ensemble, on ne peut qu’être impressionné par la quantité de travail et de dévouement nécessaire de la part de l’ensemble des participants. Le festival est un parfait climax pour ce touchant Meet In Pyongyang, à la fois spectaculaire et fort d’un message foncièrement altruiste.

Dans l’ensemble, ce scénario est construit décemment, mais aurait surement été plus intéressant si celui-ci avait été écrit et produit intégralement par la Corée du Nord. En effet, certains éléments de l’intrigue semblent naitre d’un compromis diplomatique entre la Chine et la Corée du Nord plutôt que de la plume des scénaristes. Ainsi, Meet In Pyongyang joue la carte de la sécurité au détriment d’un potentiel panache dramatique. A vrai dire, une personne n’étant pas connaisseur de la Corée et surtout de la Corée du Nord aura beaucoup de mal à vraiment profiter de ce film. En un mot, film intéressant à voir pour la culture générale.

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Piast_Fidra
6
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le 1 oct. 2020

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Piast_Fidra

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