Le second degré dans le cinéma est, je trouve, un vrai fléau contre lequel nous devons lutter ; à la manière des autres films de requins dégueulasses, Méga Shark vs Giant Octopus ( MSGO ) joue son histoire avec toujours ce besoin irrépressible de nous rappeler qu'il est un film qui ne se prend pas au sérieux. De ce prétexte, il semble que le film soit intouchable, on le caractérise de nanar comme si, miracle, la crasse qui l'enrobe l'avait transformé en truc plaisant à voir et super. C'est tout l'inverse. On rappelle que Nanar est par définition une chose si mauvaise qu'elle en devient bonne ; un film si pathétique ou ridicule qu'on finit par se prendre au jeu et en rire ! C'est comme un coup de génie parmi les médiocres, un 10 parmi les élèves à 0 d'habitude grâce à une blague dans la rédac de Français. Contrairement à un Sharknado premier du no, MSGO n'a rien de drôle. Rien ne fonctionne et rien n'est nouveau.
Tout commence par un scénario tiré par les cheveux de 2 monstres délivrés des glaces qui reprennent un combat vieux de 18 millions d'années. Notre équipe de scientifiques bras-cassés vont alors tenter une capture. Pour ce faire, ils vont avoir l'idée d'utiliser des phéromones de monstres pour les attirer dans un piège. Comment ils les ont synthétisés ? En mélangeant des sirops de grenadine et de menthe pendant des heures, le tout dans un décor et une mise en scène surréalistes, pour en faire du sirop fluo. Cette idée leur est par ailleurs venue d'une baise dans un labo... C'est donc entre 2 coups de reins qu'ils ont découvert l'identité chimique d'une phéromone d'un être inconnu dont aucun relevé organique ou chimique n'a été fait... C'est comme inventer un vaccin à un virus inconnu.
La suite de ce fiasco ? On est tour à tour mis en face des pires acteurs endossant des rôles frôlant l'acceptable. Entre autres, on a notre militaire raciste qui, comme tous les militaires, porte des Ray-Ban, fait des allusions sexuelles et est un lourd de nature grâce au pouvoir des armes et explosions. Notre femme en chaleur McNeel, toujours en petit haut moulant et en chien sur tous les hommes qui passent. Notre Asiatique Doc Schibado qui, comme tout Asiatique, coche toutes les cases du parfait maître Kung-fu grâce à ses proverbes, sa sagesse et sa détermination. En personnage marquant, notre vieux scientifique s'en tient aussi une sacrée couche ; il est bien sûr à l'Ouest, dans un monde parallèle scientifiquement parlant, mais détient en réalité la vérité vraie ; il a des théories surnaturelles, mais comme par hasard vraies sans preuves ni études sur le sujet... Il tient le rôle du daron par procuration de McNeel qui elle va vivre une incroyable romance avec notre tigre et dragon national Schibado. On retiendra pour ce jeu d'acteur déplorable, notre capitaine de navire militaire Navy pour une interjection grandiloquente, un NONNNNOOOOONNNNNNN quand le requin les attaque, tout un spectacle digne d'une blague YouTube.
Dans le troisième quart-temps, entre 2 convulsions provoquées par notre cerveau en recherche d'oxygène, nos yeux sont frappés par une 3D aux petits oignons. Le film accomplit l'exploit de faire des scènes d'actions avec, à priori, 10 animations dont le zoom est changé pour créer des variantes ... Tout est moche, atroce, le pire n'étant finalement pas le requin, mais bien la pieuvre et les bateaux.
Le dernier temps de ce film porte sur les incohérences ; à ce stade, vous allez me dire, c'est comme se plaindre d'une trace suspecte dans une culotte trouvée dans une poubelle, à quoi tu t'attendais en même temps ?! Je ne dirais qu'un mot à ce sujet qui résume bien la chose : le radar du sous-marin fait des images thermiques et le sous-marin est en inox...
Je crois qu'à la manière de tous les autres films du style, il est temps de cesser le massacre. MSGO n'a vraiment rien pour lui et je peine à croire que certains aient réussis à y trouver du drôle ou du passable dans cette purge. Il est temps de cesser le genre du requin, arrêter le second degré pour masquer son manque de capacité dans son domaine et commencer à faire peu être plus simple ? Pourquoi ne pas aller à contre-courant de ce à quoi on s'attend ? Ou à l'inverse être jusqu'au boutiste et faire encore plus gros ? Ça parait ridicule, mais de nos jours, les monstres géants, les requins mutants et autres créatures des enfers sont devenus incroyablement Cringe ... On connaît, on a vu et revu. On veut de la nouveauté, un vent frais, ou une nouvelle vague dans la mer de monstre des mers ... Si on refait dans le même genre, on veut la perfection dans l'execution ; par la copie d'une copie ratée d'un film déja discutable.