"La fin du monde" en danois ça se dit "Skol ofenstrü"...

Mais non je suis sot, c'est du Suédois. Trêve de galéjades, j'ai adoré Melancholia. Vraiment. Mais un petit quelque chose m'empêche de le placer parmi mes œuvres phares. Et ce n'est pas le fait que la tristissime et très bien choisie musique de Wagner soit utilisée 20 fois et sans trop de subtilité dans le film, même si ça joue. Détaillons.


L'ouverture du film se compose d'une succession de scènes très travaillées, sans paroles, en ultra-ralenti. On peut trouver ça prétentieux (ça l'est sûrement) et vain, mais on peut aussi se réjouir et profiter de cette esthétique romantique, et de ces plans tellement beaux qu'il convient plutôt de parler de tableaux. J'ai adoré.


Vient ensuite la partie qui me pose un peu problème, centrée autour du personnage de Justine (Kirsten Dunst). Justine est une vraie dépressive, atteinte d'une tristesse totale et sans espoir, sans "justification" tangible ou précise (OK y'a pas mal de connards dans son entourage, mais pas plus que dans le mien ou le vôtre. Surtout le vôtre.) La réalisation caméra à l'épaule augmente encore la sensation de malaise, très bien transmise au spectateur. Pour moi c'est à la fois la force et la faiblesse de cette partie : la tristesse qu'on m'impose n'est ni belle, ni poignante, ni rien, elle est juste désagréable ; et la tronche de six pieds de long de Justine-la-palme-d'orée finit par gentiment me les briser, quand heureusement on aborde la seconde partie.


Dans cette seconde partie, plus intimiste et centrée sur Claire (Charlotte Gainsbourg, excellente), on se traîne encore un peu le boulet dépressif, mais on fait entrer en scène la vraie star du film, la planète Melancholia. Effrayante, mais surtout belle et tellement fascinante, elle est la véritable incarnation du désespoir de Justine. Elle est aussi le prétexte à des scènes visuellement superbes, des plans magiques qui donneraient presque envie d'assister à cette fin du monde. Les personnages humains, eux, incarnent les différentes manières d'affronter l'inéluctable. La lâcheté de John, doublée d'égoïsme. La panique de Claire, incapable d'accepter, de lâcher prise. Justine, qui semble voire la mort comme une libération. Et surtout, l'innocence de l'enfance, cette insouciance qui protège de tout, et qui semble être la seule chose que Lars Von Trier ne déteste pas et n'ait pas envie de démolir en ce bas monde.


Tout ça nous mène à un plan final superbe et véritablement époustouflant ; peut-être le plus beau final qu'il m'ait été donné de voir.

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le 14 mars 2012

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Citizen-Ced

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