Lars Von Trier revient avec son "Melancholia" pour une œuvre somme toute assez inégale. Divisé volontairement en deux parties, prenant pour titre les noms des deux sœurs, personnages principaux et interprétés brillamment par un duo Dunst/Gainsbourg, le film brille par moment mais ennuie parfois.
Le film ouvre sur une série de plans quasiment immobiles représentant des scènes clés du film et nous promet un spectacle grandiose dans un contexte apocalyptique : on est en face de tableaux représentant la fin des temps, celle représentée dans la Bible et imaginée par un nombre incalculable d'artistes tout au long de l'Histoire. Sauf que là, la cause de la fin de tout, c'est une planète gigantesque nommée "Melancholia".
La décennie qui vient de s'achever a vu un genre jusqu'alors moins exploité se développer et attirer les foules : la fin du monde, le pessimisme dans le futur de l'être humain. Tous les films avaient en commun une série de catastrophes naturelles liées de près ou de loin à l'activité humaine, à la recherche de profits toujours plus hauts et donc plus généralement, à la bêtise que représente l'existence de l'Homme sur la Terre. On y retrouvait des héros pris au dépourvu mais tentant absolument tout pour se sauver et/ou sauver le genre humain. De Armageddon à 2012, les héros (américains) doivent trouver une solution pour permettre à la vie de survivre. Une seule production différait de tous ces blockbusters : "Les derniers jours du Monde" où on voyait Amalric subir la fin du Monde et péter les plombs sans pour autant voir la Tour Eiffel tomber en décomposition ou la Statue de la Liberté submergée par des milliers de mètres cubes d'eau numérique. Non, tout ce qu'on y voyait, c'était la panique, les personnages sachant qu'ils allaient tous mourir sous peu tenter de profiter de leurs derniers instants.
Lars Von Trier va encore plus loin. On y voit, dans une première partie un peu longue, une Kirsten Dunst déprimée, ruinant un mariage des plus conventionnés (et des plus chers) organisé entièrement par son beau frère (Kiefer Sutherland) et sa sœur (Charlotte Gainsbourg), sombrer à chaque minute dans une dépression dont on ne pense pas qu'elle puisse réchapper. Elle est dans une situation telle qu'elle ne sait plus quoi faire pour s'enfuir et que les moments de solitude semblent être les seuls où elle puisse respirer (notamment lorsqu'elle prend un bain).
Tout au long de cette partie, on voit donc un mariage interminable se dérouler et c'est un peu regrettable car même si on se doute que c'est ce que veut Lars Von Trier, au lieu de se sentir oppressé par un mariage de riches où tout est millimétré, on finit par s'ennuyer.
Quand soudain, la partie deux commence et alors là, place au chef d'œuvre. La planète doit passer juste à côté de la Terre et continuer son petit bonhomme de chemin mais le doute s'installe chez les protagonistes. "Et si la planète heurtait la Terre ?" Question à laquelle on ne va pas répondre bien entendu mais finalement, le doute s'installe chez le spectateur également, il a l'impression que la planète va s'écraser sur lui également. D'autant plus qu'au final, la plus détendue de tous les protagonistes concernant la catastrophe imminente est une dépressive qui n'arrive plus à se lever pour manger. La panique va donc s'installer tout au long de cette deuxième partie, interprétée avec brio et on y verra les personnages évoluer du tout au tout vis-à-vis de leurs situations initiales.
En conclusion, un film à voir bien évidemment, pour tous les cinéphiles adeptes ou non du "Dogme" de Von Trier bien qu'il ne soit pas à la hauteur de toutes les espérances, notamment vis-à-vis de l'engouement des critiques dans la presse française en général. Un peu trop intello pour certains (et pour moi), le film sait tout de même surprendre surtout par la qualité de son interprétation, les acteurs étant tous plus doués les uns que les autres.