Alien, le huitième passage en 1979, Blade Runner en 1982, Thelma et Louise en 1991, Gladiator en 2000, Les Associés en 2003, Kingdom of Heaven en 2005, American Gangster en 2007...

Bientôt 30 ans que le réalisateur, 71 ans au compteur à l'époque et originaire de Grande-Bretagne, nous fait rêver. Et c'est peu dire que Ridley Scott est, et de loin, mon réalisateur préféré, non seulement pour des raisons esthétiques, mais également des raisons historiques.
On ne peut pas nier que Scott (aussi bien Ridley que Tony, d'ailleurs) est un réalisateur très inconstant, capable du pire (1492 : Christophe Colomb (1992), Lame de fond (1996) et À armes égales (1997) en tête) mais souvent du meilleur. En effet Alien, le huitième passage et Blade Runner ont fait de lui un cinéaste aussi visionnaire et révolutionnaire que George Lucas dans le domaine de la science-fiction il y a presque trente ans. Gladiator a remis au goût du jour le peplum, genre oublié de tous jusqu'à ce que Russell Crowe ne vienne clamer qu'il est Maximus. Et aujourd'hui, s'il n'est plus un précurseur, il n'en est pas moins un magnifique faiseur.

J'admets apprécier moins le Ridley Scott qui s'intéresse à notre époque (comme ce fut le cas dans La Chute du faucon noir en 2002) que celui qui s'inscrit dans un univers futuriste ou médiéval, ces derniers épousant à merveille les qualités artistiques du cinéaste.
Néanmoins, dire donc que j'attendais Mensonges d'État est au bas mot un euphémisme. Le danger réside dans le fait de trop en attendre, de la même manière que j'attendais de Quantum Of Solace de se hisser au moins au niveau de Casino Royale.

Verdict ?

Pour Russell Crowe, c'est déjà la quatrième avec le metteur en scène (Gladiator en 2000, Une grande année et American Gangster en 2007) mais pour Leonardo DiCaprio, c'est une grande première, d'autant qu'il tient le premier rôle, celui de l'agent de la CIA Roger Ferris qui aura à traquer en Jordanie un dangereux terroriste sous les ordres d'Ed Hoffman (Crowe) et en coopérant avec le chef des services secrets Hani Salaam (Mark Strong). Le problème pour le jeune et fougueux agent est qu'il va très vite se rendre compte que ses alliés ne sont pas toujours ceux en qui il devrait avoir le plus confiance.

Surfant sur la vague de films traitant du sujet délicat des services de renseignement américains (tel Raisons d'État de Robert De Niro, sorti l'an dernier) et de la guerre contre le terrorisme dans une Amérique post 9/11, Mensonges d'État est un film relativement peu accessible et difficile à appréhender. Proche de The Kingdom (2007) dans sa mise en scène, le long métrage de Ridley Scott perd en spectaculaire ce qu'il gagne en complexité, ce qui n'est pas pour nous déplaire (sauf si vous creuser 2H durant les méninges pour comprendre tous les enjeux et articuler les évènements dans votre esprit n'est pas votre conception du cinéma).

Incroyablement efficace, la mise en scène est exemplaire. Ne cherchant ni l'esbroufe visuelle ni le tour de force en emballant le rythme par des cuts indigestes, Ridley Scott filme mieux que personne la solitude d'un agent livré à lui-même, il lui donne autant corps qu'il ne donne de l'esprit à sa réflexion sur un système qu'il épingle sans fustiger.

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le 20 mai 2012

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Kelemvor

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