Une solide comédie dramatique avec de vrais bouts de vie dedans.

Imaginez un film qui repose beaucoup sur les dialogues et les relations entre quelques personnages, un peu comme un Bergman, mais qui se passerait dans le New Jersey, la banlieue américaine par excellence. Bizarre, non ? Après "les glandeurs", Kevin Smith s'essaie donc au genre de la comédie dramatique, et je retire tout ce que j'ai dit sur ses capacités d'écriture. En fait, c'est étonnant comme le propos, qui n'a rien d'extraordinaire, et est traité toujours avec ce point de vue très terre-à-terre, est parfaitement rythmé pour être au diapason des personnages. Attendez-vous donc à un film où l'on va voir des non-dits, des tensions, des répliques malheureuses, ou qui tombent au mauvais moment.

Comme souvent dans ce genre de film, le scénario est simple, mais les dialogues (et les silences) sont denses. Voici donc deux dessinateurs de comics, Holden (Ben Affleck) et son encreur Banky (Jason Lee). Lors d'une convention, ils trouvent un copain black panther agité et homo qui leur présente Alyssa Jones. Holden flashe sur elle, d'autant qu'elle vient du même coin. Mais Alyssa est lesbienne. Sauf qu'elle est troublée par Holden, et qu'ils finissent par se mettre ensemble. Mais Banky, jaloux de son copain, raconte ce que tout le monde sait : Alyssa a eu une sexualité tumultueuse et aurait couché avec 2 losers en même temps. Holden rompt avec Alyssa, puis la convoque avec Banky, et leur annonce son plan pour résoudre les tensions : qu'ils couchent tous les trois ensemble. Alyssa part, profondément blessée, et la collaboration Banky-Holden se termine. Mais la vie continue.

Beaucoup de dialogues, qui sembleront longs mais qui abordent avec fraîcheur et naïveté (dans le bon sens) les tabous de la vie sexuelle adulte. On a vraiment affaire à de vraies personnes, avec leurs défauts : Alyssa est débordante de vie mais veut fuir les conflits ; Banky devient de plus en plus haïssable à force de refouler son homosexualité pour Holden ; Holden est touchant, avec ses regards perdus dans le vide et ses moments taciturnes parce qu'il n'arrive pas à formuler. Les amies lesbiennes d'Alyssa sont un peu vite défoncées, tout comme le personnage de gay noir truculent est un peu limite, mais l'un dans l'autre, ça passe bien.

Jay et Silent Bob ne font qu'une apparition, mais au moment-clé de la crise (Silent Bob parle à nouveau. Je ne m'y ferai jamais).

"Chasing Amy" est une comédie romantique touchante et vraie, elle tire un charme du fait même de son côté mal dégrossi.
zardoz6704
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le 25 mai 2014

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