Jean de Baroncelli dans Le Monde du 15 juin 1961: «On a souligné, et avec juste raison, que l'esthétique de Kawalerowicz était proche de celle de Dreyer et de Bergman. Précisons toutefois qu'il s'agit moins d'une influence directe que d'une certaine parenté d'expression. Et devant ces décors quasiment abstraits, devant cette savante organisation des personnages à l'intérieur de ces décors, devant ces éclairages qui savent utiliser toutes les ressources des gris, des blancs et des noirs, devant cet irréalisme minutieusement élaboré, on pourrait aussi bien évoquer le nom de Bresson, voire celui de Resnais. Mère Jeanne des Anges s'inscrit dans un des courants les plus riches du cinéma moderne».
Pour apprécier ses indubitables qualités esthétiques, il faudrait voir ce film dans une copie restaurée de qualité, ce qui n’est pas le cas avec le DVD diffusé par Malavida. Le minimalisme de la mise en scène qui joue sur de subtils recadrages au sein de plans séquences parfaitement composés s’accorde bien effectivement à l’austérité des décors qui confinent à l’abstraction. Mais si les images séduisent, le fond laisse songeur: on sent le réalisateur assez peu concerné par son sujet et ce qui se voudrait une dénonciation de la religion et une ode à un amour fou façon surréaliste reste surtout un objet filmique d’un formalisme certes brillant mais qui cache une absence de point de vue clairement exprimé.

SteinerEric
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le 5 mars 2021

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Eric Steiner

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