Meurtre au 43e étage
6.4
Meurtre au 43e étage

Téléfilm de John Carpenter (1978)

Le pont entre Hitchcock et Halloween par John De Palma

Juste avant Halloween et un an et demi après Assaut, John Carpenter réalise un téléfilm pour la première fois ; il reviendra à la télévision peu après pour Le roman d’Elvis puis en 2008-2009 comme contributeur des Masters of Horror. Someone watching me aka Meurtre au 43e étage est une déférence totale à Hitchcock, encore plus appuyée que des opus de De Palma comme Pulsions ou Body Double. Racontant le combat d’une femme épiée et mise sur écoute contre son persécuteur, le film s’inscrit tout particulièrement dans la lignée de Fenêtre sur cour mais cite abondamment l’oeuvre d’Hitchcock au travers de nombreux détails.

Cet hommage à Hitchcock est un cas unique dans l’oeuvre de Carpenter, les deux cinéastes ayant par ailleurs peu de points communs dans leurs styles. Pourtant Big John a toujours dit s’être senti inspiré par Psychose dans l’écriture de son Halloween, où il aurait ‘simplement’ ajouté une dimension surnaturelle au tueur. Meurtre au 43e annonce très clairement le classique du slasher par la façon qu’a Carpenter de s’y approprier l’espace urbain. Au détour d’une séquence, l’action bascule vers l’indicible menace, où l’héroïne se trouve dans la position d’un enfant précipité dans un monde trop grand, limpide pour de faux.

Sans chercher à dépasser son modèle ou s’attarder sur la dimension théorique du dispositif, Carpenter réalise un divertissement brillant. Son sens du suspense rayonne notamment lors de quelques petites démonstrations assez gratuites (elles n’avancent pas le récit) mais impeccables. Il y a une phase de ralenti voir de piétinement à l’intérieur de la première moitié, mais elle finit par être balayée et le dernier tiers s’avère passionnant. Le malaise de Lauren Hutton (American Gigolo), sa solitude et sa position ambiguë dans cette tension sadique (contributrice et inquisitrice elle-même) ajoutent un charme supplémentaire à cet objet tellement au-dessus de sa nature de télé-film.

Étrangement, la contrainte des plans ‘carrés’ de la télévision (et non ‘larges’ du cinéma) n’entame pas la virtuosité formelle de Carpenter, exécutant dans le pire des cas un brouillon de son génial Halloween. Anecdote : ce Meurtre au 43e marque la rencontre de Carpenter et Adrienne Barbeau, qui deviendra son épouse pour quelques années et le personnage principal de Fog.

http://zogarok.wordpress.com/2014/11/06/meurtre-au-43e-etage/

http://zogarok.wordpress.com/tag/john-carpenter/

Créée

le 5 nov. 2014

Critique lue 508 fois

4 j'aime

Zogarok

Écrit par

Critique lue 508 fois

4

D'autres avis sur Meurtre au 43e étage

Meurtre au 43e étage
Val_Cancun
3

Une femme à sa fenêtre

Dans une belle unanimité, je vois la plupart des critiques célébrer ce téléfilm de commande signé John Carpenter, tourné la même année que son fameux "Halloween". Que Big John fasse le maximum avec...

le 24 juin 2020

7 j'aime

Meurtre au 43e étage
EricDebarnot
5

Avertissement aux fans de Carpenter !

Avertissement aux fans de Carpenter (comme moi...) : "Meurtre au 43ème Etage" est un téléfilm tout-à-fait honorable, une construction post-hitchcokienne qui a l'intelligence de donner un rôle central...

le 8 août 2015

7 j'aime

1

Meurtre au 43e étage
cinewater
6

Critique de Meurtre au 43e étage par Ciné Water

A la première vision de ce téléfilm de l'excellent John Carpenter, la première référence qui me sauta aux yeux ne fut pas Fenêtre sur court dont il reprend bien entendu le voyeurisme comme Body...

le 16 janv. 2014

7 j'aime

Du même critique

La Haine
Zogarok
3

Les "bons" ploucs de banlieue

En 1995, Mathieu Kassovitz a ving-six ans, non pas seize. C'est pourtant à ce moment qu'il réalise La Haine. Il y montre la vie des banlieues, par le prisme de trois amis (un juif, un noir, un...

le 13 nov. 2013

49 j'aime

20

Kirikou et la Sorcière
Zogarok
10

Le pacificateur

C’est la métamorphose d’un nain intrépide, héros à contre-courant demandant au méchant de l’histoire pourquoi il s’obstine à camper cette position. Né par sa propre volonté et détenant déjà l’usage...

le 11 févr. 2015

48 j'aime

4

Les Visiteurs
Zogarok
9

Mysticisme folklo

L‘une des meilleures comédies françaises de tous les temps. Pas la plus légère, mais efficace et imaginative. Les Visiteurs a rassemblé près de 14 millions de spectateurs en salles en 1993,...

le 8 déc. 2014

31 j'aime

2