Midnight, maîtresse des ténèbres

Tout a commencé à la dernière brocante que j'ai faite. J'étais à mon stand et, pour me changer les idées, je suis allé voir les VHS en face. Au milieu des films connus (donc inintéressants), il y a un film qui a attiré mon attention : Midnight. La cover avait l'air de présenter un ersatz d'Elvira, ce qui est confirmé par le résumé au verso de la VHS. J'ai demandé le prix à la femme tenant le stand : 1€. Ce prix là pour une VHS... ça me faisait hésiter.
Quand je suis rentré chez moi le midi, j'ai fait une recherche sur IMDb, le film était très mal noté mais ça pouvait tout de même être intéressant à voir. J'ai cherché sur google le prix de la VHS. Rien trouvé. J'ai tapé le titre du film et son éditeur (Delta vidéo), aucun résultat non plus. Rien sur eBay ou Priceminister. Je me suis rendu sur VHSdb, site de référence... rien.
C'est comme si cette VHS n'existait pas ! A vrai dire, même en tapant "Midnight" ainsi que le nom de l'acteur le plus connu du casting, à savoir Tony Curtis (oui, il joue dedans, le fou !), on ne trouve pas de suite une image du film sur google !
1€, ça ne me semblait plus si cher. La VHS en main, j'ai plus tard pu constater que le visuel, qui présente une photo en buste du personnage principal, est introuvable en entier sur le net : la VHS américaine ne montre que la moitié du visage de l'actrice ! Incroyable, j'ai donc aussi une image introuvable du film par la même occasion. Tout le monde s'en fout, mais bon...
Sur la jaquette de ma VHS, il y a marqué "Specimen" au verso, et quand on lit la cassette, le film est bien en VF, mais il y a un timecode tout au long du film en haut de l'image.
Je me demande sur quoi j'ai bien pu tomber, est-ce que c'est un prototype de VHS qui n'a pas été commercialisée ?
En tout cas, c'est assurément un objet de collection.
EDIT : En fait, on m'a fait remarquer que la VHS est à 49€99 sur priceminister... soit elle a été ajoutée depuis, soit j'étais passé à côté à l'époque car il n'y a pas de visuel sur le site.

J'ai attendu une soirée VHS pour pouvoir voir le film avec quelqu'un d'autre. Bières+chips, et c'est parti.
Au générique de début, on apprend que le film est écrit et réalisé par un type du nom assez pompeux de Norman Thaddeus Vane. Il a rien fait de bon, d’après ce que j’ai vu de sa filmo. Dans le casting, en plus d’un Tony Curtis âgé, on a le Wolfman Jack d’American graffiti. Il joue son propre rôle, mais je sais même pas où il est dans le film.
Comme dit précédemment, "Midnight" a pour personnage principal éponyme une présentatrice de films d’horreur, au look gothique. Un an avant sortait le film "Elvira maîtresse des ténèbres" ; qui est-ce qu’ils pensaient tromper ? Quand le film sur Elvira est sorti, elle avait déjà pas mal de fans ; le problème pour "Midnight", c’est que son personnage principal est inventé de toute pièce et n’a donc aucune popularité. Le choix de l’actrice pour incarner Midnight est pour le moins curieux en plus : elle est jouée par Lynn Redgrave, qui n’a tenu que des rôles n’ayant aucun rapport avec celui-là, et qui approche de la cinquantaine… Cassandra Peterson en Elvira, elle, était encore diablement séduisante.
Le personnage de Midnight est donc une pâle copie dont tout le monde se fout, qui veut imiter le style d’Elvira, mais sans aucune classe ou personnalité. Les blagues qu’elle sort durant son émission sont complètement nulles : "Midnight, celle qui a mis le X dans "sexe" ", "je ne signe pas d’autographes, seulement des épitaphes", son serpent s’appelle Vampirella…
Les blagues les plus simples sont ressorties plusieurs fois au cours du film, par exemple Midnight évoque souvent le Bloody Mary (ouais c’est bon, on a compris !).
Le plus triste, c’est que Midnight se prend au sérieux. La blague sur les épitaphes, non seulement elle la ressort plus tard, mais en plus au premier degré : elle repousse des fans qui lui demandent des autographes, et c’est d’un air excédé et sérieux qu’elle répond qu’elle ne signe que des épitaphes !
Je m’inquiète sincèrement pour la stabilité mentale de Vera Kunk (le vrai nom de Midnight), qui prend vraiment au sérieux son rôle tout en étant consciente qu’elle interprète un personnage : elle en fait tout un drame, déclamant "je suis une ombre de la nuiiiit !", tout en faisant genre que son rôle est une malédiction pour elle, et qu’elle a perdu sa vraie identité. Pitoyable.
En plus le doublage de la voix de Midnight est parfois irritant, surtout quand elle crie ou part dans les aigus.

Un soir qu’elle sort du studio, Midnight voit un fan qui la stalke. Elle l’invite chez elle, ils couchent ensemble, et le lendemain matin elle lui propose d’habiter avec elle !
Tout va vite, très vite dans ce film. A peine le couple s’est formé qu’ils en sont déjà à avoir des conflits, et on dirait que le film veut vraiment nous sensibiliser à leur drame.
En fait, il semble y avoir pleins de pistes narratives, des débuts de sous-intrigues diverses qui se déroulent en parallèle, mais leur multiplicité font qu’elles sont bâclées, et on dirait qu’il n’y a pas d’intrigue principale.
Ce qui est fort, c’est qu’il se passe pleins de trucs, et en même temps il ne se passe rien.
Il semblerait que le principal problème auquel est confronté Midnight, c’est de savoir à qui reviennent les droits d’exploitation de son émission… ce qui me passe complètement au-dessus de la tête. De plus, son producteur, Mister B (joué par Tony Curtis), n’est pas vraiment un opposant très déterminé : il apparaît pour se disputer à propos des droits de l’émission et sa possible annulation, et puis il disparaît, et puis il réapparaît plus tard. Entre chacun de ces moments, on voit Midnight et son copain Mickey se disputer, Mickey tromper Midnight, le couple se remettre ensemble, puis s’insulter, puis de nouveau ensemble… je n’ai rien compris.
Les rapports entre les personnages sont très changeants. Dans une scène, Midnight peut menacer Mister B de lui lancer un sort qui lui donnera un cancer au pénis, et la prochaine scène où on les voit ensemble, ils discutent des droits de l’émission… avant de se taper et s’insulter !
Tous les personnages du film sont bipolaires, c’est la seule explication.
Tout change tellement vite, en 20mn, on a plusieurs intrigues qui devraient chacune prendre 1h pour être bien développées. Il y a des trucs qui nous tombent sur la tronche sans qu’on s’y attende : le majordome de Midnight, Siegfried, qui lui dit "moi aussi, je vous aime", et… cut, on passe à autre chose. Le pire, c’est qu’au final, ce n’est pas juste un gag, non seulement les sentiments du majordome sont réels, mais en plus ils ont une "importance" plus tard.
En parlant de ça, je sais pas pourquoi, le majordome et la bonne de Midnight sont allemands ; je crois que ça sert juste à quelques gags où on se moque de la langue.
Le sens de l’humour, tout comme la logique, ça échappe au réalisateur. Il y a une scène où un type annonce au téléphone à Midnight qu’ils veulent annuler son émission, et qu’à lui on va prendre sa maison, il va perdre sa femme, "peut-être même la vie". Je ne sais pas si le type dit ça sérieusement et que l’exagération est censée être drôle, ou s’il essaye de faire gober un mensonge énorme à Midnight ; dans les deux cas, c’est idiot.

Dans les éléments positifs, il y a la BO rock du film qui est sympa (et il y a aussi "I’m your Venus"), mais la plupart du temps la musique est à côté de la plaque par rapport à la scène où elle est appliquée.
De ce film, je vais retenir cette réplique à la con prononcée par un punk : "j’ai une casquette sur l’iroquoise" (il faut croire que c’est pour dire qu’il a mal au crâne), et cette réplique, qui est la seule à se vouloir drôle qui est effectivement drôle : "si t’avais autant de bites plantées dans le dos que t’en as plantées dans le cul, tu aurais l’air d’un porc-épic".

Bon sinon c’est de la merde, quoi. Mais pas totalement inintéressant. Même si vers la fin, l’ennui a peut-être été évité grâce à une conversation durant laquelle mon comparse et moi ne suivions plus tellement ce qui se passait dans le film.
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le 6 janv. 2013

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Wykydtron IV

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